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Femmes et nouvelle économie au Québec
Les femmes déplorent les conditions de travail existant dans le secteur québécois des nouvelles technologies : plus de la moitié ont envisagé une réduction de leur temps de travail pour rétablir un équilibre avec leur vie privée.
Deux chercheuses québécoises ont étudié les effets de genre dans les relations de travail au sein de sept entreprises de la « nouvelle économie » de la région de Montréal (1).
Au Québec comme dans d’autres pays, les femmes sont en minorité dans le secteur des technologies de l’information : elles occupent seulement 27 % des emplois, tous métiers confondus. Les chercheuses ont donc interrogé 88 personnes, hautement qualifiées, qui travaillent comme responsables des ressources humaines, chefs de projet ou informaticiens, pour mieux connaître les conditions de travail du secteur. Les personnes interrogées déclarent en grande majorité effectuer des heures supplémentaires : 81% des hommes déclarent travailler plus de 40 heures par semaine contre 46,6% des femmes. Néanmoins, 40% des femmes prestent le nombre d’heures prévues par leur contrat, alors qu’il n’y a que 16,3% d’hommes dans ce cas. Mais les femmes déplorent que leurs conditions de travail compliquent la conciliation entre vie privée et vie professionnelle : 66,6% d’entre elles ont songé à réduire leurs heures de travail contre seulement 19% des hommes.
La gestion par projet et donnant priorité à la satisfaction du client qui prévaut dans ce secteur, exige des employés une disponibilité quasi 24h/24. Pour appartenir aux équipes des projets les plus prestigieux, prétendre à une promotion ou envisager une carrière « nomade » dans le secteur, il faut se détacher du lot en travaillant plus que les autres. Conséquence : la logique de cette « nouvelle économie » tend à marginaliser ou à éliminer les femmes, simplement parce qu’elles sont moins prêtes que les hommes (pour des raisons de contraintes familiales) à multiplier les heures supplémentaires.
Cela confirme les études déjà menées en Europe et en Belgique sur cette question (2), même si les chiffres qui ressortaient d’une enquête de la Fondation Travail et Université de Namur étaient moins pessimistes (3) : selon eux, en effet, 53 % des salariés des métiers informatiques effectuent souvent ou très souvent des heures supplémentaires, mais il est vrai qu’il s’agit, ici, d’informaticiens ne travaillant pas forcément dans le secteur informatique.
René Begon
septembre 2005
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