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Image, images... Travailler sur les représentations Ginette la pécéphobique qui frappe son portable à coups de rouleau à pâtisserie... La campagne Femfox qui utilise les photos d’une femme en sous-vêtements pour vanter le navigateur libre Firefox... Trinity tout de noir vêtue « hackant » un ordinateur dans Matrix... Que voit-on dans ces images ? Qu’en penser ? Comment commencer à dénouer les fils des représentations graphiques des femmes et des technologies ? Les images nous entourent. Dans les journaux, la rue, à la télévision, elles sont partout, se déclinant sous de multiples formes : publicités, films, bandes dessinées... Certaines nous interpellent, d’autres nous séduisent, nous choquent, nous effraient. Mais nous ne savons pas toujours comment les prendre et parfois, certaines images nous mettent mal à l’aise sans qu’on puisse vraiment dire pourquoi. Pour donner un coup de pouce à celles et ceux qui désirent aller au delà de la surface, Ada prépare un outil pédagogique pour analyser, comprendre et déconstruire l’image des femmes et des nouvelles technologies. Des représentations stéréotypées
De plus, lorsque les femmes sont représentées en relation avec la technologie (3) dans la publicité , il apparaît qu’elles le sont souvent en qualité de profanes tandis que les hommes le sont en tant que spécialistes. Par ailleurs, dans ces mêmes images, les femmes sont plus souvent associées à la sphère privée (ménage, éducation des enfants, sexualité) tandis que les références masculines s’inscrivent dans la sphère publique (travail, politique).
Par contraste, quand des personnages féminins apparaissent dans des récits de fiction technologique (jeux, cinéma, bande dessinée), elles prennent souvent la forme de « super women », ultra moulées et performantes, jouant d’attributs dits masculins d’indépendance et de violence, loin encore une fois du projet identitaire projeté par et pour les jeunes filles et les femmes : sociable, dévouée, discrète... Au total, si on en croit les représentations en vogue, femmes et technologies ne font pas bon ménage. La carrière d’informaticien les rebute et la machine leur échappe... Ces stéréotypes masculins, féminins et techniques sont régulièrement entretenus par les images produites par la publicité, par le cinéma, la bande dessinée, et perdurent ainsi dans l’imaginaire collectif, alors que la réalité des métiers et des personnes travaillant dans les TIC peut se révéler plus complexe et plus ouverte aux différences de sexe et de personnalités. Mais ces stéréotypes ne sont pas toujours portés par les images « brutes » : notre lecture et interprétation de ces images peuvent aussi y contribuer. De la création et de la reproduction des stéréotypes
La question de savoir si les « tendances » de chaque sexe sont produites par notre génétique ou par une éducation en accord avec nos représentations est un vieux débat (5) et les données contemporaines indiquent que, si inclinaisons innées il y a, elles sont renforcées, transformées, démultipliées par la manière dont filles et garçons sont éduqués. Comme les stéréotypes interviennent dès le plus jeune âge, ils ont ainsi le pouvoir de créer leur propre réalité : entraînées à être douces, bien des filles le deviennent. De manière générale, on estime que les images, les médias, renforcent cette division dichotomique entre un féminin et un masculin mutuellement exclusifs. De plus, les images contribuent à construire des représentations des groupes avec lesquels nous n’avons pas (ou peu) de contacts directs, comme, par exemple, les Chinois, les Mormons ou... les informaticiens. Plus un lien « catégorie-attributs » se reproduit et se vérifie dans les « faits », plus les stéréotypes s’installent. Dans le cas qui nous intéresse, les femmes utilisant des technologies dans les publicités sont souvent incompétentes, et plus ces images circulent, plus, a priori, nous assimilerons à la catégorie « femmes », l’attribut « n’y connaissent rien en informatique ». L’outil d’analyse d’images qu’ADA est en train de mettre au point en collaboration avec Muriel Andrin, historienne du cinéma (Elicit - ULB), se veut un outil de rupture de la répétition d’images qui incitent à la reproduction et pérennité des stéréotypes. Mais il devrait aussi nous permettre de dépasser nos propres a priori, nos propres réactions de catégorisation : comme l’idée que « parce que c’est généralement vrai » la publicité, les jeux vidéos, les films d’action véhiculent forcément des images stéréotypées des femmes. Ce n’est pas toujours le cas.
De la déconstruction des stéréotypes Les stéréotypes ont un fonctionnement particulier : ils sont résistants au changement. Une fois qu’ils sont ancrés, ils sont très difficiles à déboulonner, car notre cerveau a la faculté de trier l’information pour n’en garder que ce qui lui convient. Cela ne signifie pourtant pas qu’il est aveugle à ce qui ne correspond pas au stéréotype, bien au contraire : il va prendre le temps de gérer cette « inconsistance », pour l’écarter et protéger son stéréotype (tant que celui-ci est utile). En gros, nous allons spontanément créer une exception quand nous observons quelque chose qui ne « colle » pas avec ce que l’on attendait. En soulevant la question de l’image, nous pouvons dès lors jouer à plusieurs niveaux. Dans un premier temps, nous pouvons agir pour empêcher cette mise à l’écart du « surprenant ». En analysant l’image, nous pouvons déterminer si elle renforce le stéréotype ou le démonte. Si une image s’aligne au stéréotype, le renforce, il n’y a pas de conflit cognitif, l’individu continue tranquillement sa route, sans prendre conscience de rien : il a été caressé dans le sens du poil, de ses croyances. Analyser l’image permet de s’interroger sur ce stéréotype, l’apparente « naturalité » d’une représentation, et de le remettre en question. Si par contre, l’image est contraire au stéréotype, une action d’analyse permettra de prendre conscience du caractère inédit de la nouvelle image. Cependant, pour qu’une image dite « contre-stéréotypique » soit efficace à changer le stéréotype, il faut qu’elle ne puisse pas être écartée comme exception. Elle doit donc présenter une situation et une personne suffisamment proche du stéréotype originel pour qu’il y ait glissement du stéréotype plutôt que sous-typage ou mise à l’écart. Et là, la répétition de « bonnes » images devrait peu à peu faire changer le stéréotype. Au final, si tous les créateurs d’images sont sensibles à la reproduction des stéréotypes et travaillent pour l’éviter, à terme, les images devraient permettre de participer à une transformation positive des représentations... ADA , en collaboration avec Muriel Andrin, historienne du cinéma (Elicit-ULB), réalise un outil pédagogique multimédia d’analyse d’images pour comprendre que chaque image (fixe ou en mouvement) est le fruit d’une construction systématique de la part de ceux/celles qui les engendrent, dans le but de produire un certain effet sur ceux/celles qui les regardent. Cet outil, destiné à un public enseignant, est désormais finalisé ! Venez découvrir le site d’Au-delà des images ou commandez la version papier. Histoire qu’entre Trinity et la Femfox, il n’y ait plus d’hésitations ! Eléonore Seron
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