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Les Samedis ‘logiciels libres’

Our server, ourselves !

Depuis 6 mois, toutes les six semaines, Interface3 accueille le projet « académies du samedi logiciels libres ». Initié par un groupe d’enthousiastes, cet atelier se veut un lieu de formation aux serveurs et aux logiciels libres, par des femmes et pour des femmes.

Le projet a débuté en novembre 2006, lancé par un groupe d’informaticiennes, de militantes et de chipoteuses, intéressées par la questions des nouvelles technologies et/ou des femmes. Elles ont mis en commun leur motivation, leur temps et leurs compétences, pour dessiner un programme, créer un site et organiser concrètement les ateliers.

Issu de contacts créés autour d’Interface3, de ADA, et en particulier pendant les ateliers des Digitales (1), le groupe des organisatrices est constitué pour moitié de « vraies informaticiennes » et pour moitié de bidouilleuses "pas craintives mais pas geeks"comme se décrit Laurence, une des chevilles ouvrière du projet.

Le programme

Le programme prévoit des ateliers, en petits groupes, pour les différentes étapes de la constitution d’un serveur, (installation de la distribution linux qui a été retenue, Debian ; installation des différents services, PHP, Mysql, Apache…).

Mais il prévoit aussi des moments en grand groupe sur les contenus plus généraux. Et comme vous pourrez le constater sur le site des Samedis (2), le projet ne se prive pas de mélanger les niveaux et de défaire les cases : en plus de l’installation de Debian et autre Lamp, les thèmes vont au-delà de la technique : la question du droit (droit d’auteur, responsabilité légale), mais aussi une réflexion sur le choix des services que l’on propose, à qui et pour quoi faire, sont intégrées au programme.

Pourquoi les serveurs, et pourquoi en libre ?

Le choix des serveurs comme thématique repose sur les éléments suivants : « Le serveur est symbole d’espace, de lieu sur le réseau, et pose des questions d’hébergement, d’hospitalité, d’anonymat, de contrôle, de légalité. Généralement les personnes qui gèrent les serveurs ont le "pouvoir" sur ce qui peut ou non se faire en ligne, protègent les données, les accès, etc. Il est donc important de comprendre ce qui s’y passe. », nous explique Laurence.

Quand au choix du logiciel libre, il se justifie bien sûr par des raisons politiques, mais aussi, plus pratiquement, par sa gratuité et son ouverture, ainsi que par le fait que la communauté du libre est disposée à partager ses savoirs, et à contribuer de manière bénévole à la formation d’autres personnes. Enfin, le logiciel libre étant un des lieux de l’informatique où les femmes sont les plus minoritaires, c’est aussi un espace symboliquement important.

L’organisation concrète des Samedis

L’organisation matérielle des « samedis » est aussi réfléchie : une garde d’enfants est prévue, l’horaire et le rythme sont compatibles avec les emplois du temps chargés des unes et des autres, et surtout les journées sont agencées pour que des moments plus conviviaux soient présents, et avec un fonctionnement collectif prévu. En particulier, et ce n’est pas anecdotique, le repas se fait en commun et en partageant ce que les unes et les autres ont préparé… et en échangeant aussi les recettes en licence libre...

Comme le dit Laurence : « Partager l’organisation selon le temps, le réseau et les compétences de chacune, (…) organiser quelque chose de régulier dans nos vies irrégulières, trouver des espaces temps communs, vivre des moments et des langages collectifs. » Les liens et les échanges ne se constituent pas que sur la technique !

Les intervenants-tes

Le groupe des Samedis est en contact avec différents groupes et individus/ues, qui interviennent régulièrement dans les ateliers : les Genders Changers, les Grepgrrrls, Collectifs.net, Constant, le Bxlug… les GenderChangers (3), les Grepgrrrls (4), Collectifs.net (5), Constant (6), le Bxlug (7)...

Ils et elles ont toujours répondu avec beaucoup de bonne volonté aux demandes d’animation d’ateliers, et leurs interventions ont été complétées par les organisatrices/participantes elles-mêmes - notamment les formatrices et les stagiaires d’Interface3 - qui ont présenté des matières qu’elles connaissaient… ou potassé pour présenter tel ou tel service : une occasion comme une autre de se perfectionner !

Motivations

Les participantes, autant que les organisatrices, ont des connaissances très diverses en informatique : les Samedis proposent des contenus qui sont à la portée de toutes, et où même celles qui connaissent la matière y trouvent leur compte.

Pour Femke, l’intérêt des samedis est surtout de « comprendre ce qui éventuellement pourrait être fait, (…) : je ne m’attends pas, après 10 séances, à savoir faire tout ce qui peut se faire avec un serveur, mais bien plutôt à savoir ce qui peut se faire, où je dois commencer, où je peux trouver de l’aide. »

Pour d’autre, comme Patricia, il s’agit d’entretenir des compétences, de les approfondir : « Pour garder ce que j’ai déjà acquis et approfondir mes connaissances dans le but d’avoir une meilleure maîtrise et d’être directement opérationnelle le jour où j’ai un emploi. »

Pour Juliane, ce sont les aspects sociaux, et collectifs qui sont plus importants : « au départ je n’avais pas spécialement envie de faire technique technique ; c’est l’ensemble, avec la priorité "atelier femmes" qui m’a fait craquer. Et de savoir que l’on aborderait explicitement des informations et des débats sur les enjeux, pratiques et légaux, les logiciels libres, l’autonomie. (…) Par ailleurs, j’ai décidé de décrocher le certificat d’administration système du LPI. Le fait d’avoir senti une ambiance constructive justement dans les "samedis" m’a portée (et me porte encore). »

Sans oublier un élément de motivation que presque toutes ont mentionné et qui est loin d’être négligeable : « en raison de l’ambiance propice à l’apprentissage lors des rencontres’ (Marie Pierre), « honnêtement, la plus grosse motivation est de retrouver, toutes les six semaines, un groupe de femmes avides d’apprendre qui viennent de tous les coins de Bruxelles. »(Femke)

Aux suivantes !

Le nombre de places n’a pas suffit à accueillir toutes les femmes qui voulaient participer : prévue pour une quinzaine de participantes, la série d’ateliers a dû refuser du monde… Ce qui montre, s’il en était besoin, que beaucoup de femmes sont intéressées par la technique, par Linux, par les serveurs ! Mais, comme il se doit, le principe des Samedis est totalement ‘copyleft’ : reproductible, copiable, adaptable… que chacune se sente donc libre d’organiser une nouvelle série d’ateliers sur cet exemple !

Anne-Laure Buisson
Avril 2007

Notes & liens
(1) www.digitales-online.org
(2) samedi.collectifs.net
(3) genderchangers.org
(4) grepgrrl.org
(5) collectifs.net
(6) www.constantvzw.com
(7) www.bxlug.be


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