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Pourquoi si peu de femmes dans les formations informatiques ? Les représentations courantes des métiers informatiques, fortement stéréotypées, ne correspondent pas à la réalité du secteur, et n’attirent pas les filles. C’est pour cette raison que Ada fait les fiches métiers : pour donner envie et montrer la diversité des fonctions.

C’est devenu un lieu commun que de dire que les filières scientifiques, y compris l’informatique, n’attirent pas suffisamment d’étudiants, et en particulier, attirent très peu de filles (1). L’intérêt moindre des filles pour les études d’informatiques s’explique par les milles et un petits faits de socialisation qui conditionnent les filles et les garçons, les milles et une choses infimes qui ensemble forment le ressac (2)… Les aspirations des familles par exemple, mais aussi les aspirations sociales des enseignants, induisent les choix, conditionnent subtilement les attitudes, les intérêts et les comportements des filles et des garçons.

Or, dans ce rejet de l’informatique, l’image que ces jeunes, mais aussi leurs parents et même les enseignants, se font du métier jouent un rôle prépondérant. En effet, un des facteurs identifié comme responsable du nombre réduit d’inscriptions dans les filières techniques est un défaut d’image du métier .

L’informatique est perçue comme masculine, mathématique et… misanthrope

L’image de l’informatique est stéréotypée : la technologie, et l’informatique en particulier, sont considérées comme des disciplines masculines ; l’ordinateur est dépourvu d’émotions et représente une évasion de la réalité ; l’informaticien est un adolescent, un « hacker », qui passe ses nuits rivé à son PC, recréant ses fantasmes inassouvis dans un univers numérique (3). Passionné par les rouages de la machine, spécialiste des réseaux et des systèmes, le programmeur y consacre tout son temps, réduisant sa vie sociale au minimum, négligeant sa famille lorsqu’il devient adulte, puisque se satisfaisant de son ordinateur-partenaire. Il a de plus le désir de contrôler le monde au travers de cette interface, source de puissance. Cette image caricaturale de l’informaticien - hacker serait déjà présente chez les adolescents et n’est attirante ni pour les garçons, ni pour les filles (4).

Mais pour les filles, l’identification à ce type de personnage est d’autant plus difficile qu’elle nécessiterait une transgression des rôles plus importantes que pour les garçons : la société actuelle se fonde encore aujourd’hui sur une répartition sexuée des rôles, et attribue aux femmes la responsabilité de la sphère privée, de la communication, des relations interpersonnelles. S’identifier dans l’image de l’informaticien-hacker n’est pas vraiment compatible avec ce que la société semble attendre des jeunes filles…

Une multitude de métiers informatiques

Si ce type d’informaticien-hacker existe bien, il n’est pas représentatif de la majorité des informaticiens, et ne doit pas occulter l’existence d’une galaxie de professions liées aux TIC, faisant appel à de multiples compétences et qui gagnent à être mieux connues. En effet, l’outil informatique est aujourd’hui présent dans de nombreux secteurs et tous ne relèvent pas stricto sensu de l’informatique pure et dure. Bien sûr, les programmeurs qui passent une partie importante de leur temps devant la machine à « faire du code » existent et leur domaine s’adresse effectivement plutôt aux férus de technologie, de problèmes à résoudre, de logique, de mathématique (notons par ailleurs que les filles obtiennent de bons résultats scolaires dans ces 2 derniers domaines). Mais d’autres professions, souvent nouvelles et méconnues, mettent en avant des compétences transversales où l’informatique est un outil plutôt qu’une fin en soi (5).

Ainsi, à côté des métiers dits du « noyau dur », qui nécessitent des compétences approfondies en informatique, on trouve les « nouveaux métiers », qui correspondent à des professions où convergent des compétences informatiques et d’autres compétences, comme la capacité d’analyse, de gestion, d’organisation, de communication. Le travail d’équipe y est incontournable. C’est le cas notamment de certaines occupations liées à Internet. D’autre part, on constate que de nombreuses professions sont « impactées » par l’outil informatique : celui-ci s’est implanté comme complémentaire aux compétences principales de la filière, par exemple dans les banques ou les bibliothèques (6). Ces diverses nouvelles professions et compétences, bien que recherchées dans le monde de l’emploi, ne correspondent pas toujours à l’offre de formation proposée par les écoles. On trouve ainsi des métiers pour lesquelles il n’existe pas de formation spécifique, comme le métier de consultant/e ERP (7), pourtant très demandé.

Une multitude de parcours

Les parcours qui amènent à ces métiers sont eux aussi moins rigides qu’on ne le pense. On note qu’une part importante des emplois TIC sont actuellement occupés par des diplômés de domaines non techniques (gestion, sciences humaines), et notamment qu’une proportion importante des femmes spécialistes TIC viennent de filières non informatique (8). La réorientation est donc fréquente et si les personnes qui optent pour ce type de profession sont en partie intéressées par le statut stable, la notoriété et les possibilités d’évolution de carrière, elles le sont aussi par le contenu de leur travail : la présence de créativité, de défis à relever et d’apprentissage continuel sont autant de facteurs motivants (9).

Malheureusement, ces caractéristiques sont peu apparentes dans l’offre de formation des écoles, bien que celle-ci se transforme lentement, et la vision des métiers scientifiques qu’elle reflète est fragmentaire et stéréotypée.

Des outils pour se faire une idée.

ADA propose un certain nombre d’instruments pour aider à découvrir les divers métiers de l’informatique et mettre des visages, des compétences et des expériences sur des intitulés parfois barbares. Sur le site d’Ada visitez : Les NTIC et ses métiers

Par exemple, les fiches métiers permettent d’avoir un aperçu à la fois complet et concis d’une profession particulière, avec notamment la mission, les compétences requises et les possibilités de formation. De plus, une idée de la situation sur le marché de l’emploi est proposée. On trouve dans les fiches métier le détail de professions telles que technicienne PC, Webmaster, analyste programmeuse... D’autre part, des entretiens vidéos ou écrits permettent de rencontrer des femmes travaillant dans les TIC, qui parlent du quotidien de leur métier, de leur parcours et de leurs expériences, tout en démystifiant certaines représentations. Visitez : Grrls stories

Enfin, sur un plan plus ludique, Ada propose un petit quiz pour aider les indécis/es à trouver le métier TIC qui leur conviendrait le mieux… Attention, les résultats sont parfois surprenants !

Au bout de cette petite promenade sur le site Internet d’Ada, la nébuleuse des métiers TIC devrait déjà sembler moins obscure et plus accessible. Néanmoins, l’information passe surtout par les responsables d’orientation, les professeurs et les écoles (notamment via les journées portes ouvertes) qui devraient veiller à améliorer la visibilité des métiers TIC, en insistant notamment sur leur diversité et par-là, sur la diversité des contenus et des compétences qui leur correspondent.

Notes & liens
(1) En 2002, 66 filles sont sorties des études informatiques en communauté française, et 266 en Flandres !
(2) Levinas, cité par Ernst
(3) Brayton, Jennifer (1998). Women’s Love/hate Relationship to the Internet
(4) Collet, Isabelle et Ingarao, Maud (2002). La place des femmes dans les SSII, rapport n°3.
(5) Extrait de TIC et métiers en émergence, F. Pichault, B. Rorive et M Zune., Le Lentic, ULg, 2001. Pages 7, 8, 12.
(6) Lettre Emerit : 33 et 38.
(7) Voir la fiche métier d’Ada Consultante PGI
(8) Dans l’enquête de www-ICT, sur 107 femmes informaticiennes interrogées, 45 (soit 42%) avaient une formation initiale dans un champ non lié à l’informatique. Ref : Widening Women’s Work in Information and Communication Technology, Deliverable N°6 Professional trajectories and biographies [2004], p27-28.
(9) Pour plus de détails, voir l’article d’Ada Pourquoi et comment les femmes choisissent ou ne choisissent pas les métiers de l’informatique ?


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