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Université d’été pour femmes en informatique à Brême, Allemagne

’Informatica Feminale’ déconstruit la culture universitaire masculine

Le fait que peu de femmes choisissent une formation informatique est aussi le souci de nos collègues allemandes. Quelques femmes informaticiennes ont décidé d’agir et ont lancé ’Informatica Feminale’, un projet de l’Université de Brême qui se concentre sur les cours universitaires, la méthode pédagogique et l’image des études d’informatiques. Au cœur du projet se trouve l’Université d’été, où des cours universitaires en informatique sont donnés par des femmes à des femmes.

Pourquoi les études informatiques sont-elles si peu attirantes pour les femmes ? ’Informatica Feminale’ (1) a cherché la réponse dans l’environnement scolaire et universitaire : les professeurs d’informatique femmes sont trop souvent invisibles, ce sont surtout les hommes qui décident du contenu des cours et des sujets de recherche, et des conditions informelles et structurelles empêchent la promotion du personnel féminin en informatique. C’est pour changer cette situation que l’université de Brême organise chaque année des rencontres de femmes professeurs d’informatique et un cours d’été de deux semaines, où des étudiantes reçoivent des cours de femmes professeurs uniquement.

’Informatica Feminale’ se base sur les trois objectifs institutionnels d’une université : le développement des cours universitaires, la formation des étudiants et la promotion du personnel académique à travers la recherche universitaire. Dans le projet ’Informatica Feminale’ ces trois éléments se transforment en trois terrains d’action : des discussions entre les femmes sur le contenu et la définition des contenus de cours, un cours d’été en informatique pour femmes et des cours d’approfondissement pour le personnel académique féminin.

Un lieu de rencontre et d’expérimentation

Du 6 au 17 septembre, des étudiantes et professeurs en informatique se sont rencontrées à Brême, Allemagne, pour la septième université d’été d’informatique. Pendant ces deux semaines, les cours en informatique n’étaient donnés que par des femmes. Ces cours étaient des cours universitaires en informatique et des cours en études de genre. Les participantes étaient surtout des étudiantes de formation universitaire en informatique, mais aussi des étudiantes d’autres disciplines ou venues du terrain (professeurs de cours d’informatique de base, femmes exerçant un métier en informatique, des femmes qui veulent retourner travailler dans un métier informatique…).

Pendant l’université d’été de Brême, les informaticiennes ont également fait un brainstorming autour de la réforme de la formation universitaire, dans une perspective femme. Les séminaires et ateliers étaient quant à eux un lieu d’expérimentation pour de nouvelles méthodes d’apprentissage et pour le développement de nouveaux contenus de formation universitaire en informatique. Par exemple, certains cours se déroulent autour d’un ’projet’. Les étudiantes travaillent en groupe et les cours d’informatiques sont construits suivant les tâches successives du projet. À l’université d’été les différents sujets informatiques ne sont pas présentés de manière traditionnelle en cours théoriques, techniques, pratiques et appliqués, mais au travers d’une approche thématique qui part des terrains actuels des applications informatiques. Le programme reprend aussi des questions féministes comme l’effet des technologies de l’information sur les femmes (2).

L’approche ’women only’ est-elle contre-productive ?

Selon différentes études, le concept ’les femmes enseignent aux femmes’ serait contre-productif (3). Les étudiantes rejetteraient ces campagnes qui prétendent que la non-mixité est nécessaire pour les aider à être au niveau des garçons. Pourtant, plus de 200 étudiantes participent chaque année à l’université d’été (4). Elles veulent rompre avec une culture universitaire trop masculine, changer d’atmosphère et de sujets de recherche. Elles prennent conscience de leur position de minorité et cherchent des contacts avec qui elles peuvent échanger leurs expériences. Pourtant, selon les organisatrices, l’offre de cours intéressants et actuels est la vraie raison de leur succès.

« Pour moi, le cours d’été pour femmes a été l’expérience la plus importante de toute ma carrière académique en informatique », écrit une jeune étudiante sur un formulaire d’évaluation. Qu’est-ce qui manque aux étudiantes femmes dans les études informatiques ? Quels sont les aspects féminins de l’informatique ? Est-ce que le software engineering féminin existe ? Ce sont des questions souvent posées pendant l’université de l’éte. L’évaluation de l’université nous fait découvrir les aspects invisibles de la culture d’étude ’trop masculine’ dans les formations informatiques :

  • Les professeurs ne sont pas habituées à donner des cours uniquement à des femmes et les étudiantes ne sont pas habituées à n’avoir que des professeurs et collègues femmes.
  • Les professeurs ressentent une pression importante pour augmenter la qualité de leurs cours, à cause de leur fonction de rôle-modèle et selon elles, les étudiantes sont plus critiques.
  • Les étudiantes indiquent que pour la première fois elles ont eu l’occasion de se concentrer uniquement sur l’informatique, sans ressentir la pression de devoir se mettre en valeur.
  • De nombreuses étudiantes accueillent les cours de base de programmation avec beaucoup d’enthousiasme. Dans leur carrière ’traditionnelle’, cette connaissance de base est supposée être connue et les étudiantes sentent une différence avec leurs collègues masculins.

Conclusion

En Allemagne comme ailleurs, les initiatives ’women only’ sont reçues avec beaucoup de scepticisme et de débats. Néanmoins, l’initiative de l’Université de Brême a réussi à augmenter la visibilité des femmes à tous les niveaux de l’informatique et, depuis 2001, les étudiantes de l’université d’été peuvent prendre en compte, pour leur carrière universitaire, les cours suivis dans ce cadre. Cet été, l’initiative a été reprise par deux autres universités : le ’Sommerstudium’ de l’ Université de Freiburg (Allemagne) (5) et le ’Ditact_women’s IT summer studies’ de l’ Université et Haute école de Salzburg (Autriche) (6). Bien que le projet ’Informatica Feminale’ soit au départ une initiative isolée, il a fait des émules et chaque nouvelle édition à Brême, ou ailleurs, augmente la visibilité des femmes dans les sciences informatiques.

Lize De Clercq
Octobre 2004

Source
Cet article est basé sur des textes sur le site de Informatica Feminale et sur l’essai Changing the Male University Culture in Informatics : the Project Informatica Feminale, (1999) Karin Vosseberg, & Veronika Oechtering.

Notes & Liens
(1) Informatica Feminale - Sommeruniversität für Frauen in der Informatik (Universität Bremen)
(2) Cliquez ici pour le programme
(3) Voir l’article Ada Un projet européen qui renverse quelques idées reçues
(4) Evaluationen des Sommerstudiums der Informatica Feminale
(5) Sommerstudium
(6) Ditact_women’s IT summer studies


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