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Pourquoi et comment les femmes choisissent ou ne choisissent pas les métiers de l’informatique ?

Au cours de la journée organisée le 30 avril 2004 par la FTU à Namur sur le thème « Les trajectoires professionnelles dans les métiers de l’informatique, » Caroline Guffens a abordé la question de la sous-représentation des femmes en informatique en déconstruisant quelques idées reçues.

Caroline Guffens, chercheuse à la Fondation Travail Université (FTU), a présenté les résultats de deux projets de recherche. Une première recherche, www-ict (widening women’s work in Information and Communication Technology), un projet de recherche européen s’intéressant à l’orientation et aux carrières des femmes dans les métiers des TIC ; d’autre part Métic (Qualité du travail, emploi et formation dans les métiers liés aux TIC) (1), de la Fondation Travail Université (FTU)(2), qui étudie les nouvelles formes d’organisation du travail, les conditions d’emploi et les besoins en qualifications dans les domaines d’activités liés aux TIC pour le Fonds social européen et le Ministre régional de l’emploi (2002-2004).

Des filières de formation multiples

Caroline Guffens a insisté tout d’abord sur l’absence d’un chemin unique menant aux métiers de l’informatique et l’existence de multiples voies qui passent soit par la formation initiale (scientifique ou non) ou la réorientation professionnelle (via la formation continue ou via l’expérience professionnelle).

Parmi ces différentes voies, la formation initiale scientifique se profile comme l’option la plus classique, même si ce choix est moins fréquent chez les filles (49% des actives dans les TIC) que chez les garçons (67%). Ce choix est souvent fait de façon précoce, en lien avec les mathématiques et souvent sous influence (voulue ou non) du père ou d’un proche.

Selon les résultats de l’étude Métic, 20% des emplois TIC sont occupés par des diplômé-es de matières dites non techniques (économie, tourisme, biologie, marketing). Ceux-ci apportent souvent aux TIC des compétences relationnelles ou communicationnelles, primordiales pour certaines fonctions.

Les ré-orientations vers les métiers des TIC sont également très nombreuses puisque 51% des femmes ont exercé d’autres métiers que des métiers TIC pendant leur carrière, contre 32% seulement des hommes interrogés. La formation continue semble donc jouer un rôle primordial. L’arrivée dans les TIC par expérience professionnelle s’avère plus rare, car ces métiers sont très demandeurs en connaissances et compétences. Certaines femmes sont bien entrées dans les TIC sur la base de leur expérience professionnelle mais ce sont surtout les femmes les plus âgées de l’échantillon, qui ont commencé à faire de l’informatique alors qu’il n’existait pas encore d’offre de formation structurée : leur apprentissage a eu lieu au fur et à mesure de l’évolution des TIC.

Quelles motivations pour les métiers de l’informatique ?

Après cet aperçu des différentes filières, les diverses motivations des femmes pour les métiers de l’informatique sont passées en revue. La notoriété des emplois, les statuts assez stables et les possibilités d’évolution constituent des atouts non négligeables. Mais le contenu du travail joue aussi un rôle prépondérant, et notamment la possibilité de relever des défis, offrant l’occasion d’apprentissages continuels, de perfectionnement et de créativité. Le côté résolution d’énigmes et développement de la curiosité (en allant jusqu’au bout des choses) sont tout particulièrement appréciés, ainsi que la possibilité de concrétiser les besoins des clients. Finalement, le type d’organisation du travail, très flexible sur le temps et les modalités de travail représentent un intérêt majeur.

Explications traditionnelles remises en question

Les raisons souvent invoquées pour expliquer la sous-représentation des femmes dans les métiers et filières TIC ont été infirmées par la recherche www.ict. D’après cette étude, les femmes travaillant dans le secteur IT n’ont pas de problème avec la technologie. Celle-ci fait partie de leur quotidien et est un élément normal. Elles n’en ont pas peur et ne sont pas incapables de l’intégrer. De plus, une familiarisation précoce avec l’ordinateur n’est pas nécessaire pour se tourner vers l’informatique en tant que métier. L’hypothèse selon laquelle l’assimilation aux mathématiques constituerait un obstacle ne tient pas non plus la route, pas plus que celle de la reproduction sociale. Le rôle de la famille n’est pas déterminant.
Face à ces assertions, qui sont en contradiction avec les résultats d’études sur des populations de femmes non-informaticiennes, notamment concernant le rapport à la technique, on peut se poser la question suivante  : est-ce que les femmes informaticiennes sont devenues informaticiennes parce qu’elles n’avaient pas d’appréhension vis à vis de la technique, ou bien est ce qu’elles n’ont pas cette appréhension parce qu’elles maîtrisent, connaissent, savent qu’elles peuvent ’faire avec’ la technique ?

Obstacles identifiés

Les goûts, les capacités et la famille ne constituent pas de réels obstacles à l’orientation des femmes vers les métiers des TIC. Les obstacles se situent plutôt au niveau de la lisibilité des filières, des métiers et des compétences nécessaires. La diversité et la variété des métiers des TIC sont souvent méconnues. Les TIC sont souvent assimilées à la programmation ou développement de code. Tous les métiers " impactés " qui à l’origine n’avaient rien à voir avec les TIC, mais subissent maintenant leur influence restent aussi très souvent dans l’ombre. Et logiquement, sans bonne visibilité des métiers, il devient difficile d’avoir une bonne vision des filières y menant et des compétences nécessaires pour les exercer. En particulier, le rôle des compétences relationnelles et de communication est souvent sous-évalué par rapport aux compétences techniques.

Quelles solutions ?

Dans ce contexte de flou artistique au niveau des métiers, filières et compétences, quels sont les moyens qui peuvent être mis en œuvre pour augmenter la représentation des femmes dans les métiers TIC  ?
D’emblée, une amélioration de la lisibilité apparaît indispensable. Ceci pourrait se traduire, par exemple, par une distinction des différents métiers en fonction de l’intensité de leur contenu technique, une information sur la variété des contenus des métiers et une diversification des méthodes de sensibilisation. Les enseignants de tous niveaux et les orienteurs devraient également disposer de cette connaissance de la variété des métiers. Les filières de formation pourraient être clarifiées et diversifiées afin de rendre les choix plus faciles et permettre des passerelles interdisciplinaires qui répondent à la diversité des métiers et des compétences.

Selon cette étude, il semblerait que des messages stéréotypés du style " les femmes aussi peuvent faire de l’informatique " ne les attirent pas vers les métiers des TIC. Diversifier les arguments en fonction des métiers, profiter de la proximité avec les mathématiques et insister sur la variété des métiers, sur l’aspect appliqué ainsi que sur les compétences transversales sont des stratégies présentées comme bien plus efficaces.

Elisabeth Dumont.

 

(1) MéTIC - "Qualité du travail, emploi et formation dans les métiers liés aux TIC", une enquête sur 1100 professionels de l’ICT en Wallonie et Bruxelles, menée par le Centre de recherche Travail et Technologies, Fondation Travail-Université, Namur.
(2) http://www.ftu-namur.org/
(3) Lisez également l’article : Un projet européen qui renverse quelques idées reçues


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