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Internet pour tous... La campagne "Pécéphobie" passe-t-elle à côté de son public ? Dans la campagne du Gouvernement Fédéral « Pécéphobie », portant sur l’utilisation sans risque des ordinateurs, c’est Ginette, femme au foyer, qui joue le rôle principal. Et même si dans le spot télévisé, Ginette passe d’une femme au foyer années 50, effrayée par l’ordinateur, à une spécialiste de l’Internet sûr, qui écrit même un livre à ce sujet, tout le monde ne la trouve pas drôle. De plus, selon certains, la campagne travaillerait plutôt dans le sens d’une réduction de la fracture digitale chez les hommes que chez les femmes. D’autant que la campagne passe à côté d’un autre point important : promouvoir l’utilisation des logiciels libres.
On ne peut pas dire que le téléphone d’Ada se soit vraiment mis à sonner sans répit, mais au lendemain de la première diffusion du spot et de la campagne dans la presse, nous avons quand même eu quelques réactions de consommateurs indignés. Attention, ces réactions ne portaient pas sur le bien-fondé de la campagne, que du contraire : "Si effectivement, un quart des Belges ont peur d’aller sur le net, il faut sûrement y faire quelque chose. Surtout à l’égard des femmes, car c’est là que la fracture digitale est la plus forte". Par contre, ce qui suscitait la critique, c’était l’image de la femme dans la campagne, les produits pour lesquels cette publicité était conçue et le passage sous silence de l’existence des logiciels libres. Image de femme négative ou porteuse ? S’il y a bien une chose compliquée dans la publicité, c’est l’utilisation de l’humour. S’il est bon, le publicitaire obtiendra d’excellents résultats. Mais à l’inverse, si c’est raté, vous vous aliénez d’office une partie des consommateurs. Ceci dit, que l’humour soit bon ou non, la campagne publicitaire ou de sensibilisation suscitera des réactions. Pas de surprise, cela s’est passé de la même manière pour la campagne ’Pécéphobie’ (2). Certains ont trouvé que cette femme au foyer des années ’50, Ginette, était particulièrement drôle, d’autres ont été profondément choqués, ne voyant pas l’humour. Ce qui les a marqués, c’est que l’image de la femme est ici celle d’une ’bête’ femme au foyer, comme si cela sous-entendait que toutes les femmes sont bêtes, que les femmes et l’informatique, ça ne peut pas coller ou que la place de la femme est au foyer. En Flandre, ZORRA (3), le chien de garde des médias en termes de genre au sein de l’Université d’Anvers, tente de remettre tout cela en perspective. Dans une interview avec Joost Berends, directeur créatif de l’agence publicitaire Mortierbrigade, on peut lire que la grande majorité des gens ont bien vu le clin d’œil, grâce au contexte des années 50. "Parce qu’heureusement, on ne rencontre plus aujourd’hui de femmes comme celle-là," estime Joost Berends. "Ginette souffrait de pc-phobie, et était donc malade, mais maintenant elle est guérie et est la grande défenseuse de l’Internet sûr, la figure de proue de l’émancipation TIC." En regardant la campagne sous cet angle-là, on pourrait alors dire qu’elle s’éloigne du modèle classique et ne pousse pas les hommes mais bien les femmes à jouer un rôle actif et porteur dans les TIC. Méthodes d’apprentissage au masculin et au féminin Que Ginette soit l’icône de la bête femme au foyer ou une utilisatrice d’internet inspirante, une question subsiste : les instruments qu’utilise Pécéphobie sont-ils véritablement accessibles aux femmes ? Il s’agit ici d’une part d’un site web, et d’autre part, d’un ouvrage portant sur une utilisation sans risques de l’ordinateur et d’internet. Les chances que la femme moyenne aille s’installer pendant une heure derrière un ordinateur pour voir ce que sont les "7 étapes pour un pc net et un internet impec" sont, selon certains, vraiment minimes. Trop de femmes ont, encore aujourd’hui, une double charge chaque jour et n’ont pas la possibilité de se consacrer à ce genre d’activité personnelle. De plus, il semblerait que les femmes préfèrent recevoir une explication directe plutôt que d’étudier seules, sans parler de la méthode d’apprentissage par essais et erreurs. Tout ceci fait dire à certains que la campagne Pécéphobie passe à côté de la moitié de son public cible. Bien qu’elle s’adresse aux femmes et aux hommes, cette campagne aurait plutôt un effet sur la diminution de la fracture digitale chez les hommes plutôt que chez les femmes. Pire encore : elle aurait pour résultat de pousser les femmes à, encore plus, laisser la responsabilité de l’ordinateur, à la maison, entre les mains de l’homme et renforcer ainsi l’aspect masculin de l’informatique. Logiciels libres Une dernière chose qui a été reprochée à la campagne Pécéphobie, c’est le passage sous silence de l’existence des logiciels libres. Pourtant, c’est un élément que Peter Vanvelhoven en tant que secrétaire d’Etat à l’informatisation de l’Etat puis Ministre de l’Emploi, soutient avec vigueur (4). Les solutions proposées pour un Internet et un PC sûrs dans la campagne Pécéphobie ne portent que sur Microsoft Windows. Comme s’il n’existait pas d’utilisateurs de Macintosh ou de Linux. A moins que ceux-là ne souffrent absolument pas de pécéphobie ? Le terme lui-même ne convient qu’aux utilisateurs Microsoft (un utilisateur de Apple ou de Linux n’appellera jamais son ordinateur un PC) et on peut se demander s’il est politiquement correct de considérer que seuls les utilisateurs de Microsoft sont phobiques... Quoi qu’il en soit, d’expérience, Ada sait une chose : pour arriver à pousser un maximum de femmes à utiliser des ordinateurs et internet, il faudra plus qu’un site web et un guide d’utilisation sans danger. Non pas qu’il faille faire bénéficier les femmes d’un traitement de faveur, mais simplement reconnaître que beaucoup de femmes n’aiment pas l’auto-apprentissage (5) et apprécient les contacts personnels, serait déjà faire un pas énorme dans la bonne direction. Tout n’a pas encore été dit sur la campagne Pécéphobie, et le comité de rédaction de la newsletter ADA reste partagé ! La campagne Pécéphobie est-elle bonne ou mauvaise ? Est-ce qu’elle parvient à toucher son public-cible ? Il y a peut-être une manière de trancher : les lecteurs et lectrices de la newsletter ADA auront le dernier mot ! Cliquez ici pour répondre à notre petit sondage ADA et nous dire ce que vous pensez de la campagne PécéPhobie. Vous pouvez aussi envoyer votre point de vue directement à la rédaction ! L’équipe Ada Décembre 2005
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