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Colloque Femmes et STIC à Paris

Le 5 décembre dernier avait lieu à Paris un colloque traitant des Femmes et des Nouvelles Technologies, organisé par les ministres français de Cohésion Sociale et Parité, Catherine Vautrin et de l’Enseignement Supérieur et Recherche, François Goulard. N’écoutant que son courage, ADA a sauté dans le train pour aller écouter les orateurs/trices et partager ses propres expériences.

Le colloque s’est ouvert sur le constat bien connu qui motive en partie nos actions : on trouve toujours peu de femmes dans les TIC (1), que ce soit dans les universités ou les entreprises. Alors que le plein emploi est souvent la norme dans ce secteur, les inscriptions baissent dans les établissements qui y préparent. La question demeurant bien sûr : que peut-on faire pour inverser cette tendance ? Isabelle Collet a rappelé que la profession d’informaticien, relativement balancée au départ entre garçons et filles, s’était masculinisée avec le temps et la transformation de la représentation de l’informaticien, d’un métier tertiaire à l’image du hacker. Ainsi, les jeunes filles ne s’imaginent pas dans cette profession, qu’elles connaissent souvent mal (2). De plus, le milieu professionnel est souvent difficile pour les femmes : réseaux informels, plafond de verre, suspicion d’incompétence... Elles changent souvent de métier assez rapidement, bien qu’elles disent l’aimer ! La journée s’est ensuite articulée autour de différentes tables rondes, reprenant des thématiques générales : résistance des filles à la technologie, formation, emploi...

Résistance des usages à l’informatique et au multimédia ?

La première table ronde s’est intéressée à la relation entre filles et informatique. Après une courte introduction de Françoise Massit-Folléa, Patricia Vendramin (3) de la FTU a détaillé les usages contemporains d’internet et du PC en Europe occidentale. Elle a ainsi souligné qu’aujourd’hui, la fracture genre au niveau de l’usage est en train de se réduire, voire de disparaître chez les plus jeunes générations. Par contre, il reste un important déséquilibre chez les professionnels des TIC, avec une moyenne européenne de 17% de femmes parmi les informaticiens (28% dans le secteur). Au niveau des études, les chiffres sont variables, mais en diminution partout. Elle a insisté sur le caractère multi-déterminé de cette situation et sur la nécessité d’une action à tous les niveaux, pas seulement centrée sur un aspect unique. Ensuite, Louise Lafortune a parlé de ses interventions au Québec pour intéresser les filles aux mathématiques, via un travail sur les attitudes et l’affectif, notamment la question de l’anxiété. Pour elle, il faut se méfier des distinctions filles/garçons, de la tendance qu’on a à faire une différence nette, alors qu’il y a beaucoup de variabilité dans les comportements à l’intérieur d’un même groupe. Notamment, certaines des différences entre filles et garçons par rapport à la technologie sont dues plus à ce qu’ils osent exprimer qu’à un réel écart d’attitudes.

Décrypter l’offre de formation

Dans la seconde table ronde, divers représentants d’écoles supérieures et d’universités ont présenté la situation dans leurs établissements. Même constat partout : peu de filles, sauf dans les disciplines liées au multimédia ou à la communication. Diverses causes sont identifiées : mauvaise connaissance de la filière, image tronquée ou carrément négative de la profession, souvent colportée par les médias, rapports orageux entre sexe et technique, et quelques pistes sont proposées : mentorat, rencontres avec des professionnelles, déconstruction de la représentation. La prégnance des stéréotypes est dénoncée par Pascale Gelebart, de l’ONISEP, qui met aussi en évidence l’impact des professeurs sur les chemins qu’empruntent ensuite leurs élèces. Elle relève d’ailleurs un résultat d’enquête effrayant : les enseignants auraient des attentes professionnelles pour leurs élèves filles moins élevées que pour les garçons, alors que les enfants eux-mêmes rapportent de belles ambitions ! De son côté, Chantal Morley de l’INT démonte l’idée que les filles opteraient pour des carrières « légères » en terme de temps de travail : elles sont nombreuses à choisir les études de consultant, alors qu’on y trime de longues heures ! A son sens, le fait que prendre du plaisir à travailler avec la machine soit inconvenant pour les femmes est une piste plus intéressante à investiguer.

L’insertion professionnelle

La troisième table ronde portait sur la présence des femmes dans les métiers. Au niveau universitaire et du monde de la recherche, le constat reste assez désolant. Plusieurs initiatives sont présentées pour remédier à cette situation, depuis la « Main à la Pâte », un programme d’initiation aux sciences proposé dans les écoles primaires, avec une approche directe et ludique qui permettrait de dépasser les clivages de genre, jusqu’au projet ADA, bien sûr ! L’occasion pour notre équipe de mettre en lumière les CD ROM Cybersoda (4) et Informatisons (5) qui sont conçus l’un et l’autre pour attirer plus de jeunes filles vers les métiers de l’informatique. Martine Brunschwig, déléguée aux droits des femmes en Auvergne, a également présenté un projet de fiches métiers / formation, adapté au secteur de l’industrie locale, en mal de main d’oeuvre. Au cours de cette table ronde, les différentes intervenantes ont insisté à nouveau sur une série de points cruciaux : ancrer les apprentissages dans la pratique, tenir compte des parcours des femmes, réfléchir à la pédagogie des technologies, au genre sous-jacent, aux modèles, à l’histoire des femmes dans la science.

Le dernier mot aux employeurs

Enfin, pour clôturer la journée, différents employeurs du secteur sont venus présenter leurs actions pour plus de parité dans leurs équipes STIC et leur expérience dans le domaine. De grandes entreprises ont ainsi décrit leurs politiques d’embauche et de promotion, insistant sur un souci de recruter plus de femmes mais aussi sur les difficultés inhérentes à l’application de ce type de procédures et la nécessité d’impliquer les différents niveaux de la hiérarchie dans le processus. Des représentantes de PME et Start Up ont également fait part de leurs propres situations, en insistant notamment sur la mauvaise image de l’informatique qui perdure, sur les contraintes réelles de travail dans les petites entreprises et sur l’importance de la constitution de réseaux.

Au total, une journée dense en constats et tracas, mais aussi une preuve supplémentaire, pour le projet ADA, de la nécessité de son travail, et des bonnes directions prises par notre équipe dans ses diverses actions. Changement de la représentation, action sur les conditions de travail, émulation par l’exemple : nous sommes au rendez-vous !

Eleonore Seron
Février 2006

  1. Le colloque se penchait plus particulièrement sur la question des STIC, c’est à dire les Sciences des TIC mais pour la clarté du discours, nous conserverons le terme de TIC.
  2. Voir l’article d’Isabelle Collet :"Informaticien : un stéréotype très présent et très masculin"
  3. Lisez les rapports complets de la FTU : www-ict
  4. Lire "La Mallette Cybersoda est arrivée !"
  5. Nous vous parlerons de "Informatisons ! un cd-rom d’exploration des métiers dans et avec les nouvelles technologies" dans notre prochaine newsletter

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