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Interview avec les "Htmlles" Annabelle Chvostek et Anna Friz, artistes Sons

L’art sonore d’Annabelle Chvostek et d’Anna Friz est agréable à écouter même en dehors des salles de concert. Leurs compositions interagissent via la radio avec d’autres disciplines artistiques et s’inscrivent dans une action politique. Entretien sur l’art radiophonique, croisement du genre et de la musique, et la transmission de femmes à femmes des technologies sonores…


Anna Friz

L’événement international et bisannuel d’arts médiatiques HTMlles propose une série de performances réalisées par des femmes qui exploitent le Web et la technologie digitale en tant que principal support pour la création de leurs œuvres artistiques. Lors des journées Digitales, le public a pu apprécier durant trois jours l’art multimédia de ces artistes internationales. CandidaTV et New Global Vision ont interviewé deux « HTMlles » : les artistes Sons Annabelle Chvostek et Anna Friz.

Annabelle Chvostek est compositeur, vidéographe, chanteuse et multi-instrumentaliste. Anna Friz est artiste sons, radio-artiste et, à ses heures, radio-pirate. Toutes deux vivent à Montréal mais elles sont constamment en tournée pour présenter leur album qu’elles ont composé et interprété ainsi que leurs performances multimédias, leurs partitions sonores et leurs expositions vidéo. Au cours de la soirée organisée dans le cadre des Journées Digitales, elles ont présenté en live leur œuvre artistique radiophonique « The Automated Prayer Machine » (« La machine à prier automatisée »), une œuvre médiatique abstraite mais aussi politique, dont le public pouvait découvrir pendant la journée des extraits enregistrés.


Annabelle Chvostek

CandidaTV : Comment en êtes-vous arrivées à travailler avec le support radiophonique ?
Anna : J’ai réalisé une émission radiophonique de musique expérimentale comme bénévole ainsi que des talk-shows féministes pour une radio-campus au Canada. La radio-campus était liée à l’université et possédait une licence mais j’ai vite appris à créer moi-même une radio. J’ai ensuite commencé à diffuser ma propre radio, sans avoir de licence…
Annabelle : Je suis musicienne indépendante et la radio communautaire a toujours été pour moi le moyen idéal pour faire connaître mon travail auprès du public. Quand j’ai rencontré Anna, nous avons commencé à faire de l’art radiophonique ensemble. Dans le cadre d’une action à Montréal, nous avons travaillé avec un chœur de femmes et un petit groupe de danseuses. Cette action évoquait la mémoire des 14 femmes tuées en 1989 à l’école polytechnique de Montréal, par un homme qui déclarait vouloir tuer toutes les féministes. Le chœur et les danseuses se sont en fait déplacés sur plusieurs lieux où des femmes avaient été tuées ou blessées. Elles tenaient une radio et tandis que le chœur chantait et que les danseuses dansaient, la radio diffusait la musique que nous avions composée spécialement pour cette action.
Anna : Nous nous sommes rendues compte que la radio pouvait être bien plus qu’un instrument pour diffuser des actualités et de la musique. La radio peut aussi interagir avec le réel et on peut mixer de la radio avec d’autres sons analogiques tels qu’un chœur chantant.

CandidaTV : Qu’avez-vous présenté ici aux Digitales dans le cadre de l’événement forum ?
Anna : Nous avons montré aux participantes comment nous travaillons lorsque nous composons un morceau. Nous leur avons fait écouter des types de sons qui nous intéressent beaucoup : des tonalités spécifiques de bruits radiophoniques, des mots mixés avec de la musique, des boucles, des formes de musique électro-acoustique que nous étirons jusqu’à ce que nous obtenions l’effet spatial d’un son dans une pièce… Nous leur avons également expliqué comment fonctionnent un émetteur radio, un mixer radio et un « loop panel ».
Annabelle : Nous avons demandé aux participantes de contribuer au morceau que nous allions présenter lors de la soirée : "The Automated Prayer Machine" (La machine à prier automatisée). Nous leur avons demandé d’enregistrer des mots positifs parce que nous essayons dans le morceau de transformer la radio en une voix positive, qui peut inciter l’action chez les auditeurs plutôt que de susciter la dépression et l’apathie…

CandidaTV : Que pensez-vous de la transmission de la connaissance technique d’une femme à une femme plutôt que d’un homme à une femme ?
Anna : Je crois beaucoup aux modèles d’identification féminins. De savoir que les femmes sont également actives dans le domaine des nouvelles technologies permet à beaucoup de femmes à dépasser leurs éventuels obstacles et peurs. Ça ne veut pas dire que les femmes doivent toujours tout apprendre d’autres femmes mais pour certaines d’entre elles, c’est très motivant. Quand j’ai travaillé comme bénévole dans cette radio communautaire, certaines femmes me disaient qu’elles étaient moins intimidées face à une table de mixage ou un émetteur radio, parce qu’elles voyaient comment les femmes apprenaient à d’autres femmes à faire de la radio. Je suis convaincue que cette approche de transmission des femmes aux femmes est essentielle même si 10% seulement des femmes peut-être ressentent le besoin d’apprendre de cette manière.

New Global Vision : Estimez-vous que les hommes et les femmes écoutent différemment votre art sonore ?
Annabelle : Mmmh, c’est une question difficile. Est-ce à dire que les hommes et les femmes approcheraient différemment la technologie ?
Anna : L’organe de l’ouïe est évidemment le même chez les hommes et les femmes. Je pense cependant qu’on entend d’autres choses quand on n’occupe pas une position de pouvoir. Quand on s’attend à vivre une situation confortablement parce qu’on contrôle la situation, on entend autre chose que quelqu’un qui s’attend à vivre l’inconfort. Les femmes n’entendent pas autrement que les hommes, donc. Mais lorsque la position sociale est différente, on entend d’autres choses, selon la situation qu’on vit.

Retranscription par Lize De Clercq
Mars 2004


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