![]() |
![]() |
|
![]() |
||||||||||||
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
|||||||||||
![]() |
![]() Le télétravail, une solution miracle ? Le télétravail, c’est-à-dire travailler à distance, en général depuis son domicile, est souvent présenté comme une panacée : moins de pollution et d’embouteillages le matin, un meilleur équilibre vie familiale / vie professionnelle, une solution pour la carrière des femmes… Qu’en est-il en réalité ? ADA vous propose quelques éléments pour mieux comprendre le télétravail et pour éventuellement vous y mettre ! Idées reçues sur le télétravail :Le télétravail et la technologie Depuis les années 80, les nouveaux moyens technologiques permettent d’envisager le développement du travail à distance : connexions de données entre différents lieux (même avant Internet), développement de l’informatique de bureau... Des projets de développement du télétravail ont eu lieu dès ce moment là, envisageant de manière parfois peu réaliste une mise en place généralisée à une grande partie des emplois. En fait, le télétravail s’est répandu de manière très marginale un premier temps, et les volontés politiques de l’implémenter n’ont pas suffit à ce qu’il se généralise. Comme le montre Valenduc (2005), c’est seulement quand l’organisation du travail a changé, vers des formes de travail plus flexibles et des emplois de la « société de la connaissance » plus nombreux, que le télétravail a véritablement « pris ». Si le télétravail est aujourd’hui en expansion, ce n’est pas seulement, conformément au modèle des promoteurs de TIC, parce que les solutions techniques existent mais bien parce que le terreau du télétravail, c’est l’organisation flexible. (1) Les chiffres du télétravail Quelle est l’ampleur du télétravail ? En fait, le terme « télétravail » est très vague, et recouvre des réalités différentes : on peut en effet considérer comme télétravail à la fois le traducteur indépendant travaillant entièrement à domicile, et le salarié d’une grande entreprise qui emmène son ordinateur chez lui pour travailler pendant le week-end. Les définitions du télétravail utilisées dans les études sont différentes d’un auteur à l’autre et aboutissent à des quantifications extrêmement variables. Il a donc été nécessaire de le définir de manière plus précise, et en particulier de le catégoriser. Une des catégorisations que l’on peut retenir est celle de l’EcaTT, telle que présentée par Vendramin et Taskin (2004) (2), dans laquelle on trouve quatre catégories principales :
En fait, comme le montrent différentes enquêtes, la majorité des télétravailleurs appartiennent à la catégorie des télétravailleurs occasionnels, et travaillent seulement une petite partie de leur temps à distance. Les chiffres cités par tijdvoortelewerk (3) (2005) et présentés dans le graphique ci-dessous, indiquent que 54 % des télétravailleurs belges télétravaillent moins du 1/4 de leur temps de travail. Cette étude rapporte également des chiffres sur l’importance du télétravail en Belgique, qui concernerait 437 000 travailleurs, soit 10,6 % de la population active. Le télétravail : des hommes, de formation universitaire Si on associe souvent le télétravail à un meilleur équilibre entre travail et vie familiale, particulièrement destiné à aider les femmes à mener les deux de front, il est en fait surtout pratiqué par des hommes : en 1999, dans l’enquête Ecatt, il concernait des hommes à 75 %, et la seule forme de télétravail où les femmes sont présentes dans une proportion plus importante est le télétravail occasionnel, où elles représentent 37 % des télétravailleurs, alors qu’elles ne sont que 18 % des télétravailleurs réguliers. Ces chiffres sont confirmés par le rapport Tijdvoortelewerk qui reprend les chiffres de différentes études en Belgique. Une autre caractéristique du télétravailleur : son haut niveau de qualification. Les salariés très qualifiés représentent 27 % de la population active, mais 60 % des télétravailleurs ; parmi les travailleurs très qualifiés, 8,5 % pratiquent un télétravail régulier et 4,2 un télétravail occasionnel, alors que pour les peu-qualifiés seulement 1,4 % pratiquent l’une ou l’autre forme du télétravail. Par ailleurs, il y a une question d’âge : ce sont surtout des salariés entre 30 et 39 ans qui télétravaillent, les catégories plus âgées sont plus rares à le pratiquer ; enfin l’importance du télétravail dépend du secteur, il concerne surtout le secteur des services aux entreprises (4). Le télétravail : une forme de flexibilité Si le télétravail a d’abord été perçu comme une pratique essentiellement liée à des avancées techniques, il s’avère en fait de plus en plus lié à l’organisation du travail. Là où le télétravail est le plus répandu, c’est dans les entreprises et pour les salariés qui sont concernés par les nouveaux modes d’organisation, c’est à dire par des manières de travailler où la flexibilité, la réactivité, et l’autonomie des salariés sont les plus importantes. L’aspect technique, c’est à dire essentiellement l’informatique et ses produits dérivés au niveau des communications, n’est pas une condition suffisante pour que le télétravail soit mis en place dans une entreprise. Comme le disent Vendramin et Taskin (2004), « on assiste à un développement considérable du travail par projet ou par objectif, dans lequel les employeurs fixent des échéances à respecter ou des performances à attendre. En contrepartie de ces contraintes, le travailleur peut jouir d’une plus grande autonomie dans l’organisation de son temps de travail. Le télétravail, alterné, mobile ou occasionnel, fait partie de ces compromis entre d’une part, la pression des échéances et des objectifs à atteindre, et d’autre part, le besoin de se ménager une certaine qualité de vie. » (5) Ces changements dans l’organisation du travail ont amené des changements dans la gestion des ressources humaines, qui ont remis en cause des notions comme le contrôle, la hiérarchie, et amené à un nouveau rapport entre les salariés et leur entreprise, qui autorise le télétravail. Le télétravail est donc un outil de flexibilité qui permet de concilier les objectifs personnels et ceux de l’entreprise : le travailleur est responsable, autonome, et disponible en cas d’urgence, mais en contrepartie il a suffisamment la confiance de son employeur pour travailler en dehors de la relation de contrôle, dans des endroits et à des heures qui ne sont pas traditionnels. Les avantages sociaux du télétravail : la mobilité ? Une des motivations des politiques publiques à soutenir le télétravail est liée à un souhait d’améliorer la situation de la mobilité : si les salariés choisissent de travailler depuis leur domicile, on devrait assister à une diminution du nombre de trajets domicile/travail. Si cet aspect est à prendre en compte dans des pays comme les Etats-Unis ou le Canada, où les trajets quotidiens en voitures sont souvent très longs, pour le moment on ne peut pas vraiment considérer que l’impact sur les files à l’entrée des villes ou au niveau écologique pour la Belgique soit flagrant. Par ailleurs, si le télétravail est pratiqué de manière régulière, il peut favoriser une installation des travailleurs à une plus grande distance de leur entreprise ! Compte tenu du nombre de télétravailleurs, du nombre de jours où ils télétravaillent par semaine, et de leur lieu de vie (les télétravailleurs sont souvent des urbains, et pour certains la distance domicile travail est peu importante) Vendramin et Taskin estiment que l’effet écologique du télétravail est assez marginal (6) au regard des problèmes de mobilité en Belgique. La mise en place du télétravailLes accords sur le télétravail : vers une formalisation Le télétravail, on l’a vu, s’est installé de manière progressive, en lien avec les modifications de l’organisation du travail, et parallèlement à une autonomisation de certains salariés. Cette installation s’est souvent faite de manière informelle, sans contrat écrit, sans modification du contrat de travail, et de gré à gré entre les employeurs et leur salariés. D’après l’enquête « tijdvoortelewerken », seulement une infime partie du télétravail a lieu dans un cadre formalisé. Cette situation peut poser des problèmes en cas de conflit : comment mesurer le travail et le temps de travail, qui doit payer les installations notamment de matériel informatique au domicile du salarié, comment maintenir, dans l’entreprise, un collectif de travail ? Jusqu’à maintenant, les conditions prévues par la loi concernant le télétravail étaient, pour la Belgique, liées à deux textes assez anciens, mais la convention collective de travail (CCT) n°85 du 9 novembre 2005 (7) vient préciser les principes à respecter en droit belge. Le deuxième texte est un accord cadre européen, qui date de 2002. C’est surtout les principes de cet accord qui sont repris dans la CCT de 2005(9). Les points essentiels sont les suivants :
Le temps de travail des télétravailleurs Une des questions importantes concernant la mise en place du télétravail est la mesure de la charge de travail, et ce d’autant plus que la plupart des tâches dans lesquels se développe le télétravail sont difficiles à normaliser. En outre, une large partie du télétravail occasionnel n’est pas du télétravail à la place du travail dans l’entreprise, mais du télétravail en plus du travail dans les heures normales, travaillées dans l’entreprises : dans l’enquête Chronos, commentée par Vendramin et Taskin, 39 % des salariés français qui travaillent à domicile le font parce qu’ils n’ont pas le temps de boucler leur travail pendant leurs horaires de travail. La question est donc de savoir si le télétravail vient simplement allonger le temps de travail, et si cette situation est occasionnelle ou récurrente. L’enquête Ecatt est révélatrice à ce niveau : 80 % des télétravailleurs travaillent plus que leur contrat le précise, alors que c’est le cas de seulement 50 % des non télétravailleurs… Certes, les salariés qui sont concernés par le télétravail sont le plus souvent des télétravailleurs appartenant à des catégories qui font souvent des heures supplémentaires (travailleurs du secteur informatique, travailleurs qualifiés….), mais le lien entre le télétravail et le non respect des heures prévues au contrat de travail est quand même très fort. Si ce constat devrait rassurer les employeurs sur la réalité du travail des télétravailleurs, elle pose la question des limites et du respect du droit du travail dans un cadre de télétravail. ‘Conciliation’ vie familiale et vie professionnelleEst-ce que les femmes utilisent vraiment le télétravail pour mieux « concilier » ? Les femmes sont toujours les premières à qui on pense quand on parle de « conciliation » entre le travail et la vie professionnelle, et de fait ce sont elles qui assument en général la plus grande partie des tâches ménagères. Le télétravail est considéré, du coup, comme une solution pour réduire les tensions liées à la double journée, solution qui n’est sans doute pas parfaite, mais qui est présentée comme un moindre mal, permettant en particulier de réduire les tensions autour des moments de la journée où les emplois du temps se chevauchent (début de journée, et fin d’après midi). En fait, comme on l’a vu, ce ne sont pas elles qui pratiquent le plus le télétravail, sauf pour une catégorie de familles particulière, celle où les enfants ont moins de 6 ans. Dans ce cas-là, ce sont effectivement le plus souvent des femmes que des hommes qui télétravaillent. Mais ce constat n’est pas confirmé par l’enquête de la Dares, en France. Dans les résultats de la Dares, en effet, « la probabilité qu’une femme soit télétravailleuse à domicile ne dépend pas du fait qu’elle ait des enfants, ni de leur nombre éventuel. Ceci semble infirmer l’hypothèse, parfois avancée, selon laquelle les femmes choisiraient le télétravail pour mieux concilier leur vie professionnelle et leur vie familiale ». (11) Deux explications pourraient jouer pour expliquer cette faible présence des femmes dans le télétravail : les femmes peu nombreuse dans les fonctions qui permettent et développent le télétravail, et, autre hypothèse, certaines femmes peuvent craindre de ne pas arriver à gérer l’interface entre obligations familiales et obligations de travail si le conflit se déroule sans séparation de lieu et contraintes horaires. Quel est l’impact du télétravail sur l’organisation et la répartition des tâches dans les couples ? L’enquête Families, qui s’est intéressée à la manière dont le télétravail influence la sphère familiale suivant les différents modes de travail et les différentes formes de famille, donne quelques résultats qui donnent envie de favoriser largement cette pratique… au moins pour les salariés hommes. (12) En effet, en général, si c’est la femme qui télétravaille, et particulièrement si l’objectif est de réduire le temps de trajet et d’introduire de la souplesse dans l’emploi du temps pour pouvoir mieux assumer les tâches domestiques, elle assumera, encore plus qu’auparavant, les tâches domestiques. Ceci n’est pas étonnant : si le télétravail est envisagé pour permettre une meilleure prise en charge des tâches domestiques, il va par définition conduire à un investissement plus important en temps dans la gestion domestique par les femmes salariées. Mais par contre, si c’est un homme qui télétravaille, on constate aussi une augmentation du temps consacré à la vie domestique. Pour les hommes, ce sont plus souvent des raisons liées au travail qui sont présentes dans le choix du télétravail, mais le télétravail a quand même une influence sur l’investissement dans la sphère domestique, sauf s’il est mis en place au moment d’un changement professionnel, comme par exemple au moment de prendre le statut d’indépendant. Dans ce cas là, le travail prend souvent plus de temps qu’auparavant, l’investissement dans la famille n’étant pas du tout augmenté, au contraire. Si le télétravail est choisi par un salarié homme comme un moyen de réduire le temps de trajet, par exemple, il amènera souvent un meilleur équilibre des tâches dans le couple. Il semblerait donc que si certaines formes de télétravail facilitent la gestion du temps entre famille et travail, la renégociation de la répartition des tâches dans le couple aille dans le sens de l’équité entre les sexes seulement si le télétravailleur est l’homme…
|
![]() |
|||||||||||||
![]() |
![]() |
![]() |
|||||||||||||
![]() |
![]() |
||||||||||||||
![]() |
![]() |
![]() |
|||||||||||||
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |