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Rapport de recherche Informaticien : un stéréotype très présent et très masculin L’université Claude Bernard - Lyon I a organisé un colloque sur le thème « Etudes supérieures scientifiques : où sont les filles ? » le 31 janvier 2005 (voir notre article). Voici les résultats les plus significatifs de cette enquête. (Enquête réalisée par Isabelle Collet, université Paris X, Centre de recherche en éducation et formation). Echantillon
Les résultats de cette enquête ont été obtenus à partir du dépouillement de 363 questionnaires, remplis par des étudiants de première année d’université, toutes filières scientifiques confondues. Parmi les répondants, il y avait 60% de filles pour 40% de garçons qui se répartissaient ainsi dans les différentes options : C’est sans surprise que nous avons constaté que la première orientation des filles était la biologie, alors que les garçons se répartissent entre les trois options de manière à peu près équitable. Les filles aiment plus l’informatique que les garçons ! Le résultat le plus étonnant, mais aussi le plus encourageant, est peut-être celui-ci. A la question : « Pourriez-vous choisir le métier d’informaticien-ne si vous en aviez la possibilité ? », les réponses se répartissent comme suit : On constate que s’il y a plus de garçons que de filles qui désirent devenir informaticien, il y a aussi plus de garçons que de filles qui répondent « non » à cette même question. Finalement, seules 21% des filles rejettent l’informatique contre 36% des garçons ! Ces résultats vont à l’encontre du discours tout prêt qu’on entend souvent : « En général, les filles n’aiment pas l’informatique, c’est inutile de faire des efforts pour les amener à choisir ce métier ». En effet, il y a plus de garçons que de filles qui se montrent catégoriques pour rejeter le métier d’informaticien. Faut-il en conclure que les garçons aiment encore moins ce métier que les filles ? En fait, la majorité des filles répond : « je ne sais pas » quand on leur demande si elles pourraient envisager de devenir informaticiennes. La suite du questionnaire prouve qu’elles ignorent très largement en quoi consiste ce métier… ce qui explique très logiquement qu’elles ne le considèrent pas comme une orientation possible. Néanmoins, même quand on ne connaît pas les réalités d’un métier, on s’en fait toujours une image, plus ou moins désirable, plus ou moins proche de soi. Cette image, souvent caricaturale, est appelée stéréotype. Un stéréotype qui pèse lourd sur les représentations La suite du questionnaire proposait aux étudiant-e-s une liste de comportements, habitudes culturelles ou choix de vie… Il leur était demandé d’indiquer dans un premier temps si cette liste correspondait ou non à l’idée qu’ils et elles pouvaient se faire des informaticien-ne-s. Voici, pour 80% des filles, à quoi ressemble un informaticien : (Le stéréotype qui se dégage chez les garçons n’est pas très différent, mais il comporte seulement 15 items. En gris, les items qui ne sont pas présents dans la description de l’informaticien chez les garçons). Dans un deuxième temps, on demandait aux étudiants de noter si les différents éléments de la liste correspondaient à la manière dont ils se perçoivent. Pour chacun des questionnaires, un écart soi-prototype a été calculé. C’est-à-dire qu’on calcule la moyenne des écarts entre l’image de soi et l’image de l’informaticien. On obtient un coefficient : plus il est élevé, plus l’écart soi-prototype est grand. C’est-à-dire plus l’image qu’on peut avoir de soi est éloignée de l’image qu’on a de l’informaticien. On s’aperçoit alors que ce stéréotype d’informaticien ne correspond pas vraiment à l’image que beaucoup de filles ont d’elles-mêmes. Voilà les écarts soi-prototypes, ventilés selon les modalités de la question présentée ci-dessus : « Pourriez-vous choisir le métier d’informaticien-ne si vous en aviez la possibilité ? » : On constate très logiquement que les filles qui ont le plus petit écart-prototype sont celles qui se destinent aux métiers de l’informatique. Néanmoins, et dans chaque cas, les filles ont un écart plus grand que les garçons. Groupe par groupe, le stéréotype de l’informaticien est plus proche de l’image que les garçons ont d’eux-mêmes que de l’image que les filles ont d’elles-mêmes. Que signifie cet écart ? Tout d’abord, il permet de vérifier qu’il existe bien un prototype de l’informaticien et qu’il marque fortement les représentations du métier. Ensuite, on constate que ce stéréotype se décline mieux au masculin, les filles se perçoivent plus éloignées de ce stéréotype que les garçons. Bien sûr, ce stéréotype n’est qu’une représentation du métier d’informaticien, et non pas la réalité de ce métier. Toutefois, au moment où les étudiants se posent la question du choix d’une orientation, ils se fondent d’abord et parfois exclusivement sur leurs représentations. D’après Michel Huteau, en psychologie du développement(1) , l’expression des préférences professionnelles est essentiellement considérée comme le résultat d’une activité de comparaison effectuée par l’individu entre la représentation qu’il a de lui-même et celle qu’il se fait du monde professionnel. Chaque fois qu’il envisage un métier, l’individu évoquerait une liste de descripteurs qui lui paraît représenter cette profession et il compare cette liste aux descripteurs qu’il imagine le représenter personnellement. En fonction des descripteurs communs aux deux représentations, suivant leur nombre et leur importance à ses yeux, il retiendrait ou rejetterait la profession comme choix éventuel. On comprend alors que les filles hésitent à s’orienter vers un métier qu’elles imaginent si peu leur ressembler. En conclusion… Même si cette enquête nous permet de vérifier une fois de plus que les filles ont du mal à s’imaginer informaticiennes, elle nous présente un résultat encourageant : c’est par ignorance du métier et à cause d’un stéréotype déconnecté de la réalité du métier que les filles préfèrent se tourner vers d’autres orientations. En aucun cas on ne peut dire qu’elles rejettent la possibilité de devenir informaticiennes. Les stéréotypes sont connus pour leur force et leur fixité. Néanmoins, il est possible d’imaginer qu’une meilleure information sur le métier les fasse bouger. Alors, les filles pourront faire ou ne pas faire ce choix de devenir des informaticiennes, mais ce serait au moins pour de « bonnes » raisons. Isabelle Collet
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