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Interview Portrait de deux coordinatrices TIC Gerda Wellens et Sarah Bormans sont coordinatrices techniques TIC dans une ancienne école de garçons, le Damiaaninstituut à Aarschot. Ensemble, elles sont responsables d’un parc informatique de 450 PCs reliés par un câblage à fibre optique. Ada leur a demandé comment elles avaient obtenu cette fonction, et si selon elles, il existait une différence d’approche des TIC entre les hommes et les femmes. Des coordinatrices TIC dans des écoles techniques où on propose des cours de mécanique, de travail du bois, de réfrigération, etc, c’est aussi courant qu’un corbeau blanc, si on en croit l’expérience de Gerda Wellens. Quelques jours avant notre visite, elle participait à un projet post-scolaire pour l’enseignement industriel. "Il n’y avait que des membres de la direction et des coordinateurs TIC. J’étais la seule femme." Comment Gerda Wellens est arrivée à ce poste, c’est une longue histoire, mais terriblement familière pour de nombreuses femmes. Accès à l’enseignement technique "Je me suis toujours intéressée à la technique, mais à notre époque, il y avait des écoles pour filles et des écoles pour garçons, et en tant que fille, c’est le genre de choses que l’on ne pouvait pas étudier. J’ai fait latin-math, et par la suite, je suis devenue professeure de mathématiques. Jusqu’à ce que, à un certain moment, j’aborde le sujet avec la nouvelle directrice. Il y a de ça à peu près 15 ans. A l’époque, je donnais cours de physique et de mathématiques, et je lui ai expliqué que je trouvais ça terriblement ennuyeux, que ces matières ne changeaient jamais. A l’époque, l’école se lançait justement dans un projet pilote en informatique, et elle m’a dit : si tu veux donner cours d’informatique, c’est possible. Je lui ai répondu : très volontiers, mais il faudrait me laisser le temps d’apprendre. Je ne savais même pas comment on allumait un PC. Pendant deux mois, je n’ai plus eu de nouvelles, et en septembre, elle m’a annoncé : j’ai une bonne nouvelle, tu peux commencer. Je ne m’attendais absolument pas à ça. J’ai immédiatement été m’acheter un ordinateur, et j’ai commencé à apprendre. On m’avait accordé quinze jours. Heureusement, à l’époque les élèves n’y connaissaient encore rien. Aujourd’hui, ça ne marcherait plus comme ça !" ajoute-t-elle en riant.
Sarah Bormans, âgée d’une petite vingtaine d’années, a eu la chance de pouvoir suivre un enseignement technique. Après des études secondaires commerciales, elle décide d’étudier l’informatique appliquée à la Provinciale Hogeschool Hasselt. " Mais les filles n’étaient pas très nombreuses, maximum 5 %. La technique m’a toujours terriblement intéressée. Aujourd’hui encore, quand je rentre dans une classe de menuiserie ou de mécanique, je me dis que ça aurait aussi été très chouette à faire. A la maison, je fore moi-même les trous dans les murs. Je veux pouvoir être capable de faire ce genre de chose." Le monde à l’envers "Pendant quelques années, j’ai donné un cours d’informatique de base," poursuit Gerda Wellens, "jusqu’à ce que notre coordinateur TIC, un ingénieur en électronique, prenne sa pension et me demande de lui succéder. Nous avions à l’époque essentiellement des PCs dans les sections économie, électronique et mécanique, mais je n’avais jamais touché à des programmes de dessin technique, des packs de simulation en électronique, etc. J’étais prête à le faire, mais pas seule. Finalement, j’ai obtenu l’aide d’un collègue qui donne cours de CAD-Software (design assisté par ordinateur). Et entre temps, un autre collègue s’est ajouté, qui s’occupe de la coordination pédagogique des TIC." "A ce moment-là, nous avions cent cinquante PCs, mais pas encore de réseau. J’ai obtenu deux heures de liberté par semaine. Je continuais à donner cours, et après mes heures, j’étudiais presque chaque jour jusque tard le soir. Depuis cinq ans, je n’ai plus de charge de cours, et depuis deux ans, Sarah Bormans s’est ajoutée. Nous gérons aujourd’hui un réseau central avec câblage en fibre optique et quelques 450 PCs répartis partout dans l’école, dans une vingtaine de locaux. Vu que l’école a une superficie de cinq hectares, nous avons également une série de vélos et une voiture. Il ne faut pas avoir peur d’utiliser ses muscles dans la fonction que nous occupons. Souvent, on transporte des PCs. C’est un peu le monde à l’envers, non ? Nous, des femmes, coordinatrices techniques, qui traînent les PCs, et nos collègues, hommes qui sont coordinateurs pédagogiques, et s’occupent de l’aspect plus ’soft’." Combinaison travail-famille "On peut se considérer comme très heureuses dans cette école," remarquent-elles de concert. "Notre direction est très ’computer-minded’. Le ministère n’a prévu de dégager que 15 à 17 heures de cours, mais c’est loin d’être suffisant pour gérer un parc informatique d’un ordinateur par quatre élèves. L’école complète pour les heures restantes, de sorte que nous puissions toutes deux être coordinatrices techniques à plein temps. On connaît des écoles de 500 élèves où le coordinateur TIC n’a que deux heures dégagées pour s’occuper aussi bien de la coordination technique que pédagogique." "Il arrive rarement que nous soyons encore ici après quatre heures trente," ajoute Sarah Bormans. Même si elle n’a pas encore d’enfants, cela signifie que la fonction de coordinatrice TIC est parfaitement compatible avec une famille. "Je peux aussi en partie travailler de la maison" ajoute Gerda Wellens. "Faire des backups ou travailler sur le serveur à des moments où personne ne peut être connecté. Il n’y a vraiment qu’en cas de panne, une panne de serveur par exemple comme on en a déjà eue, que je me retrouve ici jusqu’à minuit. Mais c’est ce qui rend les choses tellement passionnantes. La plupart du temps, on a affaire à des ordinateurs qui ne fonctionnent plus, nous allons les chercher, on les ouvre, et on les répare. Ou alors, ce sont des imprimantes qui ne fonctionnent plus, des paquets de softwares à installer. Il arrive aussi que nous nous déplacions pour un câble détaché ou une prise non branchée." "Quand nous restons plus tard ici," reconnaît Sarah Bormans, "c’est plus pour l’impression des bulletins ou lors des conseils de classe qu’à cause de problèmes techniques. Pendant les grandes vacances, on a dû assurer suite à un coup de foudre. Mais quand on aime son travail, on est prêt à lui consacrer quelques jours pour que tout fonctionne à nouveau." Etre femme
"Etre femme dans une école avec une majorité de garçons, c’est bizarre au début. Mais c’était il y a quinze ans," raconte Gerda Wellens. "Aujourd’hui, l’école compte quinze pourcent de filles, et lorsque nous plongeons sous un banc pour débrancher un PC, plus personne ne nous regarde bizarrement." Sarah Bormans nuance cet avis : "Quand j’ai démarré ici, et que j’allais dans une classe pour installer, par exemple, un PC ou un cd-rom, certains me regardaient bizarrement, le genre ’hé, une fille avec un tournevis’. Mais depuis, ils se sont habitués." "Par contre, le sentiment qu’en tant que femme, nous ne pouvons pas nous tromper, nous l’avons encore. C’est comme si nous devions faire doublement nos preuves. Mais peut-être qu’aujourd’hui, ce n’est plus nécessaire." Sarah Bormans approuve : "ce qui compte, c’est d’avoir de bonnes capacités de raisonnement. Nous communiquons aussi autrement entre nous. Les hommes ont tendance à utiliser beaucoup de jargon, et personne ne les comprend. Nous ne faisons pas ça. Nous essayons de formuler les choses le plus simplement possible." "Je pense que les femmes dans notre branche sont plus attentives," estime Gerda Wellens. "Et peut-être un rien plus ponctuelles," ajoute Sarah Bormans. "Quand on nous demande de régler un problème, nous sautons immédiatement de notre chaise pour aller voir. En général, les hommes y vont nettement plus à leur aise. Je pense que nous abordons également les problèmes de manière plus diplomate, tandis que les hommes sont un rien plus impulsifs. Homme ou femme, ça ne change rien. Il faut surtout être persévérant, et pouvoir faire preuve d’énormément de patience avec les ordinateurs et avec les gens. Et il faut la passion, même si c’est valable pour tous les boulots. Et être résistant au stress." Pour Sarah Bormans, un bon coordinateur TIC est quelqu’un qui, en plus de la connaissance de sa branche, dispose d’une capacité à travailler en équipe, et fait preuve de flexibilité. "Mais le plus important," ajoutent les deux coordinatrices TIC, "c’est une direction qui vous soutient et a confiance en ce que vous faites, et heureusement, chez nous, c’est le cas !" Corine Van Hellemont Forum de l'article |
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