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Séminaire TMAB : femmes et TIC, 100% compatibles ?

Mouvement de rattrapage dans la combinaison emploi/famille au sein du secteur TIC

D’après une récente étude réalisée par le Dr. Elke Valgaeren (LUC), 31% des employés TIC sont des femmes. Toutefois, 18% d’entre elles seulement occupent une fonction d’organisation et à peine 6% occupent un poste de direction. Tel est, entre autres, ce que dévoilait le dernier séminaire TMAB organisé à la fin de l’an dernier à Anvers. Présidé par l’andrologue Prof. Bo Coolsaet, ce séminaire, qui posait la question « femmes et TIC, 100% compatibles ? » était également animé par une délégation féminine de huit grandes spécialistes du secteur TIC.

À en croire l’andrologue Prof. Bo Coolsaet, mieux connu pour son ouvrage « Le pinceau de l’amour », il convient de négliger les différences génétiques entre les hommes et les femmes en matière d’intelligence. Ainsi peut-on affirmer avec certitude que femmes et TIC sont 100% compatibles. La faible différence de poids cérébral entre les hommes et les femmes, nous rassure Coolsaet, ne s’active chez l’homme que lorsqu’il a des fantasmes sexuels.

Mais alors… si les femmes sont, génétiquement, tout aussi (peu) prédestinées que les hommes à la technique et à l’informatique, comment se fait-il qu’elles soient sous-représentées dans les métiers TIC ? Cette question a été soumise lors du débat dirigé par ADA dans le cadre du séminaire TMAB, à non moins de huit femmes spécialisées dans le secteur TIC - une délégation féminine qui représentaient de grandes entreprises IT : Siemens, PSINet, Belgacom, Microsoft, Computacenter, TechData, Hewlett Packard et Telindus.

Mouvement de rattrapage

Qu’on s’étonne ou non, tous les participants se sont entendus pour dire que le préjugé négatif concernant le secteur IT contribuait toujours à la sous-représentation des femmes dans le secteur. D’après Ulla Franz, General Manager de Computacenter, l’informatique et la programmation restent injustement associées à une certaine marginalité, et le secteur continue de véhiculer l’image de journées de travail interminables exigeant, au moins, un plein-temps !

Els Demeester, Managing Director chez TechData, a nuancé quelque peu cette vision en soulignant la jeunesse du secteur IT, qui n’existe que depuis 25 ans à peine, et en expliquant qu’il n’avait dès lors pas encore eu le temps de montrer son vrai visage. Et donc de laisser voir qu’il permettait aisément de combiner le travail et la famille. Ce qu’a confirmé sans ambages Sigrid Vandenhoutte, Marketing Manager chez Hewlett Packard, en indiquant que le secteur IT connaissait un impressionnant mouvement de rattrapage tel qu’il ne devait plus effrayer les femmes (et les hommes). En effet, le secteur applique lui aussi le travail à temps partiel, le télétravail, les congés sabbatiques, etc.

L’atout des équipes mixtes

Quant à savoir si la représentativité des femmes dans le secteur TIC doit être augmentée, le consensus fut encore plus net parmi la délégation des huit spécialistes en TIC. La principale raison invoquée est qu’une équipe mixte constitue un atout pour toute entreprise. Outre les capacités techniques, l’entreprise a besoin également de faire valoir ses aptitudes en communication, a expliqué Kristel Vanden Dries, Communication Director chez Belgacom. Une compétence qui, a priori, serait davantage féminine que masculine - non pas que les femmes sont effectivement plus aptes dans ce domaine mais elles se socialisent davantage dans cette direction.

D’où l’importance, dans un entretien d’embauche, de ne pas se limiter à regarder les capacités techniques du/de la candidat(e) mais aussi son intelligence émotionnelle, ont précisé Carmen Cordier, vice-President Strategy chez Telindus et Vera Janssens, Communication Director chez Siemens. De plus, ont-elles toutes affirmé, il est parfaitement normal qu’une entreprise reflète au mieux la société ambiante, que ce soit sur le plan sexuel ou sur celui de la couleur de la peau, de l’âge, de la nationalité, du handicap, etc.

L’intention ne suffit pas. Il faut des quotas.

Le panel a ensuite évalué les efforts déployés par les entreprises IT représentées pour attirer davantage les femmes et a constaté, à nouveau, un important courant commun. A savoir que les firmes tendent vers une amélioration de la qualité de la vie en autorisant les horaires de travail flexibles, le travail à temps partiel, les crédits temps, les congés sabbatiques, les bureaux satellite, etc. En outre, elles agissent aussi pour que les mentalités changent. Computacenter, par exemple, encourage le congé de paternité auprès de ses travailleurs masculins. PSINet, quant à elle, veut augmenter l’attrait de la culture de l’entreprise en répandant une image positive du « nouvel homme » - celui qui, par exemple, quitte le bureau une heure plus tôt pour aller chercher les enfants à l’école, explique Lut Wilms, Managing Director.

Mais l’entreprise qui a surpris l’assemblée tout entière est certainement Microsoft. Selon Ineke Rampaer, Corporate Communication Manager, les bonnes intentions ne suffisent pas. Ce qu’il faut, c’est diriger à coups d’objectifs (« management by objectives »). Si, pour la fin de l’année, vous voulez que les femmes soient plus représentées dans les hautes fonctions de l’entreprise, vous n’avez d’autre choix que d’appliquer des quotas, précise Ineke Rampaer. C’est exactement ce que fait Microsoft Europe depuis quelques temps. Les quotas sont un bon moyen de pression, explique Ineke Rampaer. Ils donnent une chance aux femmes qui briguent un poste ambitieux ou une formation pour lesquels, en d’autres circonstances, elles ne seraient pas prises en considération. Sigrid Vandenhoutte de Hewlett Packard ne partage pas totalement cet avis. Le système de quotas peut être dangereux, disait-elle, il risque d’entraîner une discrimination positive selon laquelle une personne moins compétente recevrait le poste exclusivement à cause de son sexe. Selon Sigrid Vandenhoutte, les femmes devraient surtout faire mieux valoir ce dont elles sont capables et ne pas attendre qu’on remarque leurs qualités mais, au contraire, comme les hommes, vanter ces qualités et certainement pas les minimiser.

Corine Van Hellemont
janvier 2004

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