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Interview avec Brigitte Legrève, consultante en ressources humaines chez Unysis Belgium

On parle de plus en plus de « diversité » au sein des entreprises, y compris dans le secteur IT. Les grandes multinationales lancent des programmes pour favoriser le recrutement de profils atypiques dans certaines fonctions, et notamment, de femmes dans des fonctions informatiques… Mais cette tendance n’est-elle pas une simple mode, destinée à présenter une image positive des entreprises et malheureusement, comme toute mode, passagère ? Nous avons posé la question à Mme Legrève, consultante du service des ressources humaines d’Unisys Belgium.

Unysis est une société principalement spécialisée dans l’infrastructure de systèmes, l’ « outsourcing », les services d’infrastructures, les serveurs et technologies et la consultance dans le domaine informatique. Brigitte Legrève y est consultante dans la gestion des ressources humaines, plus spécifiquement dans les domaines de la gestion, de la formation, des compétences et des performances, mais a également travaillé par le passé dans la gestion du recrutement… un rôle d’interface entre les employés et le management, pas toujours évident.

Les qualités qui font un/e bon/ne informaticien/ne

Chez Unisys, c’est bien sûr le département des ressources humaines qui est en charge du recrutement et qui rédige donc les petites annonces pour tout poste vacant. Cependant, le processus de sélection se fait toujours en concertation avec le responsable du service demandeur. Ce qu’on demande aux informaticiens/nes ? A la fois des qualités techniques et relationnelles : « On travaille beaucoup dans des « environnements client », et toujours en équipe et sur projet, d’où l’importance de la communication et surtout du sens de l’écoute. Et bien sûr d’une très bonne capacité d’analyse, c’est à dire la compréhension des problèmes et la capacité de les reformuler pour trouver des solutions avec les clients. Sans oublier l’ « orientation résultats », la capacité à rester concentré sur les objectifs que l’on s’est fixé. La capacité d’adaptation est aussi très importante, car nous travaillons dans des secteurs très différents, du bancaire au public en passant par le secteur du commerce et de l’industrie. L’adaptabilité est également essentielle pour répondre au travail multi-tâches que nous demandons aux informaticiens/nes : chez nous ils/elles doivent pouvoir participer à la rédaction d’offres pour les clients, savoir présenter le projet au client, qui ne « parle » pas nécessairement le même langage technique qu’eux. » nous dit Mme Legrève. Et de renchérir :« Il faut démystifier l’idée, largement répandue, du travail informatique comme surtout technique : un projet informatique est un travail d’équipe et d’interaction avant tout. Une autre compétence que j’estime être un atout est la créativité : cela peut, à première vue, sembler bizarre pour une société informatique, mais le travail sur projet demande beaucoup d’inventivité : lorsqu’on commence un nouveau projet, tout est à créer, tout est à développer, il faut bien comprendre les besoins du client et « créer » des solutions. »

Diversité

Comme beaucoup d’autres sociétés informatiques, Unisys, en tant qu’entreprise internationale, a mis en place un programme « diversité », en vue de favoriser non seulement le recrutement des femmes (puisqu’il s’agit d’un monde très masculin), mais également l’intégration sur la base d’autres critères comme la nationalité, l’origine ethnique, etc. « Ce genre de programme est souvent perçu comme étant très « marketing » et très « à la mode » reconnaît Madame Legrève. « Je pense à des affiches qui représentent un groupe de personnes en alternant une femme, un oriental, un africain, à nouveau une femme… Chez Unisys Belgium, nous essayons plutôt d’arriver à ce que cette attitude devienne partie intégrante de la culture d’entreprise. Nous avons l’objectif d’atteindre des quotas pour ces types de profils, et nous les atteignons assez spontanément. Lors du recrutement, nous traitons les candidats de façon égalitaire, ce sont l’expérience et les compétences qui déterminent le choix. »

« Maintenant les mentalités sont en train d’évoluer, il s’agit bien entendu d’un processus encore en devenir. Il y a, de la part du service des ressources humaines, un important travail à accomplir, un travail d’aide à la conscientisation auprès de la direction pour que l’on se débarrasse de certains a priori qui mèneraient à choisir un homme pour des fonctions de responsabilités, car il serait par exemple plus « disponible ». Notre travail est vraiment d’aider la direction à réfléchir aux éléments objectifs qui doivent amener au bon choix. »

Unysis en quelques chiffres.

Il reste encore du chemin à parcours à Unisys pour atteindre la parité ! Si l’on regarde le pourcentage des femmes et d’hommes qui travaillent chez eux, on constate une écrasante majorité d’hommes : 80% d’hommes et 20% de femmes. Parmi ces dernières, seulement 30% travaillent vraiment dans le domaine informatique, dans la consultance et la gestion de projets, les autres occupent des fonctions administratives, de ressources humaines ou dans la communication. « Mais il faut aussi souligner- nous dit Mme Legrève - que 25% de ces femmes sont des cadres et occupent des fonctions de responsabilité. Je crois que les femmes ont clairement leur place dans les fonctions informatiques, notamment dans une société où l’on travaille sur projet. Leur apport est tout à fait bénéfique, elles ont d’autres perspectives, une autre approche face aux problèmes. Il est clairement reconnu que si une équipe manque de femmes, on n’aura pas une réponse aussi complète à la demande qu’on aurait pu l’espérer. »

Equilibre vie professionnelle / vie privée

Au sein des entreprises, lorsqu’une fonction demande beaucoup de responsabilités et de disponibilité en termes d’horaires, on retrouve souvent moins de femmes. L’organisation de la vie familiale étant encore largement à la charge de celles-ci, cela n’est pas très étonnant. Toutefois, les entreprises ont leur rôle à jouer dans ce domaine ; elles peuvent mettre en place des initiatives pour faciliter la vie à leurs employées. Ainsi, Unisys propose la possibilité du télétravail et presque tous les employés bénéficient d’une connexion Internet, d’un portable et d’un GSM. « Évidemment- précise Mme Legrève- certaines fonctions qui demandent des relations régulières avec les clients ou sur projet ne peuvent pas s’exercer totalement en télétravail ! Le même discours est valable pour le travail à temps partiel : il est perçu comme étant tout à fait combinable avec un job à responsabilité, mais suivant certaines conditions. D’abord au niveau du temps de travail, il est préférable travailler à 4/5, un mi-temps étant difficilement compatible avec l’organisation du travail chez Unisys, tout au moins dans une fonction de responsabilité ; ensuite à un niveau de « disponibilité » d’autant plus si l’on a la responsabilité d’une équipe… Mais globalement, c’est une question d’organisation de son propre temps de travail et de délégation des tâches aux collègues : je suis bien placée pour affirmer cela, car moi-même je travaille à 4/5ème : j’ai la même charge de travail qu’avant et les mêmes responsabilités, mais j’organise le travail différemment. Par ailleurs, il faut souligner que de plus en plus d’hommes profitent d’un 4/5ème chez Unysis, dans le cadre du credit-temps et d’autres initiatives de ce genre. »

Une question en guise de conclusion

Faut-il accepter la moindre présence des femmes dans les sociétés informatiques comme une fatalité ? « Non !- conclut Mme Legrève- Si l’on regarde le « senior management » chez Unisys Belgique nous n’avons aucune femme. Mais dans d’autres pays, aux Etats Unis par exemple, on retrouve beaucoup de femmes : est-ce une différence culturelle ou plutôt une différence de choix personnel de combiner vie privée / vie professionnelle ? La question reste ouverte. » Dans un cas comme dans l’autre, des leviers existent, et nous espérons que comme Unisys, de plus en plus d’entreprises informatiques prendront les choses en main pour accueillir plus de femmes dans leurs rangs, dans les meilleures conditions possibles !

Elena Lanzoni, Eléonore Seron.
juin 2006


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