|
 |
|
Interview avec Séverine, technologue en imagerie médicale à l’Institut Bordet de Bruxelles.
La technologue en imagerie médicale n’est ni vraiment infirmière, ni complètement informaticienne, mais elle profite des deux casquettes : un contact avec les patients et des compétences techniques pointues. Rencontre avec Séverine, pour découvrir les secrets de cette spécialiste de ce qui se cache "en nous"...
Regardez la vidéo : 
QuickTime(v.o. FR s-t NL) :
QuickTime | WindowsMediaVideo : Windows Media Player
Bonjour Séverine et merci d’avoir accepté cette interview. Peux-tu nous expliquer en deux mots ta profession et ce qui t’a poussée à la choisir ?
Mon métier comme technologue médicale consiste à faire des images de l’intérieur du corps de patients qui viennent à l’institut. Je travaille principalement dans les services de radiographie, de mammographie et du scanner. J’ai choisi cette formation pour le côté médical : le contact avec le patient et l’anatomie m’ont toujours passionnée, mais les études de médecine étaient beaucoup trop longues et je ne me voyais pas bien comme infirmière. Le fait de voir ce qu’il y a à l’intérieur d’un être humain au moyen de machines spécialisées m’intéresse beaucoup. Le côté informatique du métier me passionne également, j’aime bien les ordinateurs !
Raconte-nous une journée type...
Il n’y a pas vraiment de journées-types, car je travaille pour trois services différents. En général, j’accueille le patient qui a rendez-vous pour l’examen, je regarde exactement quel type d’examen je dois effectuer et j’essaie de mettre le patient à l’aise. C’est un aspect très enrichissant de mon travail, il faut une certaine facilité de contact et une certaine délicatesse, surtout ici, où nous accueillons des personnes qui sont pour la plupart malades ou qui viennent pour un dépistage. Il faut apprendre à gérer leur stress. La position d’une technologue médicale n’est pas toujours confortable, car le patient nous demande souvent des diagnostics et nous ne sommes pas en mesure de lui dire quoi que ce soit. Obtenir la collaboration du patient n’est pas toujours évident non plus : il faut qu’il garde une certaine position par exemple, car l’image que l’on prend doit être parfaitement superposable aux images ressorties des examens précédents. A travers l’écran de la machine, qui varie bien entendu selon le type d’examen, nous pouvons voir en temps réel des images du corps du patient. Nous pouvons ensuite traiter l’image, en augmentant le contraste, par exemple. Ensuite elle est enregistrée dans le dossier médical du patient où le médecin pourra la trouver et effectuer son diagnostic.
Quelle formation as-tu suivie pour exercer cette profession ?
J’ai suivi une formation de technologue en imagerie médicale : il s’agit d’un graduat qui me permet de travailler dans plusieurs secteurs d’un hôpital. Les études en imagerie médicale sont très récentes, elles datent d’il y a 5 ou 6 ans. Auparavant les personnes qui exerçaient ce métier provenaient d’autres filières et apprenaient cette profession sur le terrain. Il y avait des kinés et aussi des infirmiers. Ensuite la demande des hôpitaux a fortement augmenté, et le métier s’est spécialisé de plus en plus : on a notamment introduit des normes spécifiques pour mieux se protéger des rayons. Le métier a beaucoup évolué avec l’avancement de l’informatique aussi. Dans la première promotion, en graduat, il y avait une seule fille. Je pense que c’est dû au fait que le côté très technique du métier peut sembler aride… Mais, à présent, cette formation compte autant de garçons que de filles, voire peut-être un peu plus de filles… En réalité, il s’agit d’un métier très passionnant et varié !
Quel impact l’informatique a-t-elle eu sur ta profession, et dans les hôpitaux en général ?
L’arrivée de l’informatique dans mon métier a vraiment tout bouleversé, dans le bon sens du terme. Le travail est devenu beaucoup plus facile, beaucoup plus amusant ! Avant l’informatisation du service de radiologie, le développement était différent : il fallait faire passer le cliché dans un révélateur et un fixateur, il fallait attendre le développement des images. Dans un passé pas si lointain, cela se faisait même en chambre noire, cliché par cliché, et donc il fallait être sûr de l’image que l’on avait prise, sinon on devait tout recommencer. Maintenant on ne recommence jamais un cliché, parce qu’on peut chipoter sur l’ordinateur directement… sauf en cas de mauvais positionnement. Quand j’ai commencé mes études, il y a 5 ans, l’informatisation des données dans les hôpitaux - dossiers médicaux, images, protocoles, etc. - n’existait pas vraiment, cela commençait tout doucement à se mettre en place. Mes études avaient pour but d’anticiper ce qui allait se passer avec l’informatisation des hôpitaux, et il y avait notamment beaucoup d’heures d’informatique. Cela m’a vraiment permis de m’adapter à l’informatisation du service, à la gestion du réseau informatique et à la gestion des données des patients.
L’informatique permet-elle de suivre toute l’histoire « médicale » d’un patient ?
Presque ! En effet, tout se passe maintenant via ordinateur : dès que le patient arrive à l’accueil il est enregistré, le résultat de son examen est enregistré dans son dossier médical, le diagnostic est enregistré dans son dossier également, ainsi que le traitement qu’il doit suivre… Bien entendu, seuls les médecins qui suivent ce patient ont accès à son dossier médical, car il faut toujours respecter le secret médical. Ils ont un mot de passe qui leur permet d’accéder de n’importe quel ordinateur aux dossiers de leurs patients, via le réseau informatique de l’hôpital. Dans le futur, le réseau sera probablement élargi à plusieurs hôpitaux, et on pourra ainsi reconstruire tout l’historique médical des patients, leurs maladies, examens, soins, guérisons et tout et tout…
Comment la formation aux logiciels et aux machines que vous utilisez se déroule-t-elle ?
Nous nous formons « sur le tas » et je remarque souvent que tout le monde n’a pas eu la chance d’apprendre à utiliser un ordinateur chez lui par exemple... Il y a notamment pas mal de différences entre les plus âgés et les plus jeunes ! Moi, j’aime beaucoup l’informatique, c’est vrai que je n’ai pas eu de problèmes à m’intégrer dans ce milieu. Pour mes collègues qui travaillent ici depuis un certain temps et qui n’ont pas cette notion de l’informatique, même pas dans leur vie privée, il est un peu difficile de s’adapter. Vu que j’ai plus facile, je prends souvent le temps d’expliquer aux autres le fonctionnement de la machine et après, ça va tout seul. La formation sur les machines informatiques se fait surtout entre nous : quand une nouvelle machine arrive, certaines personnes sont généralement formées par quelqu’un de la firme productrice. Ensuite, les personnes qui ont suivi cette formation, ont le rôle de former à leur tour les autres membres du personnel.
Quels horaires as-tu ?
Comme l’institut Bordet est un centre de traitement des tumeurs, il n’y a pas de service d’urgence, on a donc des horaires assez souples : on arrive ici à 8 heures du matin, on a une pause d’une heure, et on a fini vers 16h30 - 17 heures. Mais il faut dire qu’ailleurs, dans les hôpitaux où il y a un service d’urgences qui doit être ouvert non-stop, des gens doivent être là de manière continue. Il y a une garde qui se fait la nuit, une garde qui se fait le soir, une garde qui se fait le week-end.
S’agit-il d’une profession très féminisée ?
Dans le service d’imagerie médicale, on est autant d’hommes que de femmes. Il y a certains secteurs où la présence des femmes est vraiment souhaitée, par exemple dans la mammographie où les patientes sont principalement des femmes. Je pense que dans un hôpital, il est important d’avoir des femmes techniciennes. De manière générale il ne faut pas se dire que pour être un bon technologue en imagerie médicale, il faut avoir des muscles…
Comment vois-tu ton futur ? Penses-tu continuer à évoluer dans ce milieu ?
Oui, je suis confiante, car j’adore mon travail. L’informatique évolue de manière constante : dans mon métier ça peut être au niveau du traitement des images, de la rapidité pour obtenir les données, de la facilité dans l’utilisation des machines, de la performance dans la recherche et le traitement des images… Ces changements constants rendent ce métier très dynamique, et le contact humain est aussi très passionnant !
Forum de l'article
|
 |
|